lundi 26 septembre 2022

L'art clandestin - Anonymat et invisibilité, du graffiti aux arts numériques


L’art clandestin – Anonymat et invisibilité, du graffiti aux arts numériques  est un ouvrage inédit par son sujet et son traitement. Dans cet intéressant livre les journalistes Emmanuelle Dreyfus et Stéphanie Lemoine nous proposent à partir d'entretiens et d'études de cas une réflexion exhaustive et une analyse fine de  la démarche même des créateurs sous pseudonyme. Certes, le phénomène n'est pas nouveau et ne concerne pas exclusivement le domaine artistique. Ainsi, dans la littérature ou la pop music quelques inconnus célèbres ont fait leur trou, maniant subtilement marketing et sens de la mise en scène. D'ailleurs cette invisibilité, aussi troublante que relative, est vécue différemment selon chaque artiste. 

Guerrilla Girls, Whitechapel Gallery StreetView, 2016
© Guerrilla Girls

L'ouvrage d'Emmanuelle Dreyfus et Stéphanie Lemoine nous donne  un éclairage intéressant sur cet art clandestin, devenu au fil des décennies un véritable phénomène de société. Enrichi d'une iconographie abondante et de nombreux témoignages d'artistes, le livre L'art clandestin - Anonymat et invisibilité, du graffiti aux arts numériques nous propose un regard inédit sur  un phénomène où sans doute plus qu'ailleurs la démarche artistique se conjugue avec le social et la politique.  Ce phénomène de l'anonymat et de l'invisibilité peut aussi être perçu comme une réaction défensive face aux exigences toujours plus simplistes et abrutissantes (!) de starisation rapide  en lien avec les réseaux sociaux ou les nouveaux ou traditionnels médias complaisants.


Source site www.guerrillagirls.com

En tout cas, cette vaste enquête journalistique nous dresse un panorama élargi de certaines tendances actuelles - artistes urbains, street artistes, peintres, graffeurs, artivistes, hacktivistes - et permet de mieux cerner les motivations de ces artistes qui par choix ont privilégié l'anonymat. Un choix pleinement assumé  comme celui par exemple de la peintre Maya Hayuk, qui confie dans le livre ceci : «L'anonymat de l'artiste est essentiel en ce sens que personne ne sait qui l'a fait, ni son sexe, sa race ou son orientation. Les gens apprécient ce qu'il est sans avoir à connaître le visage de l'artiste. Je peins encore anonymement occasionnellement et c'est très libérateur. » 

Hagre, Ecce homo erectus, 2017
Source : Wikipedia

Un goût de l'anonymat, qui prend parfois toute son  ampleur comme chez la Française Kashink, qui a fait du masque son sujet de prédilection artistique.  Au final, à travers ce livre se dessine encore plus nettement les pratiques diverses, tantôt radicales, tantôt ambivalentes de ces artistes diversifiés. En outre, le livre permet de mieux cerner  les motivations de tous ceux qui par goût artistique ont choisi pour exprimer leur pensée la voie du masque, du camouflage, de l'anonymat ou même de l'imposture.  

* légendes et visuels de l'ouvrage  L'art clandestin - Anonymat et invisibilité, du graffiti aux arts numériques

Emmanuelle Dreyfus, Stéphanie Lemoine, L'art clandestin - Anonymat et invisibilité, du graffiti aux arts numériques, broché, grand format, éditions Alternatives, collection « Arts urbains », 237 pages, 2022

Hiding in the city Screens in Rest, 2017, 
© Liu Bolin, courtesy Liu Bolin/Galerie Paris-Being 
















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