lundi 17 octobre 2022

Architectes méconnus des années 30 à Paris…



Charles Abella (1930)
 logements de standing et ateliers d'artistes au  12, rue Cassini (Paris 14e)

L'immeuble de la rue Cassini vaut surtout pour son bow-window à angle droit, qui forme un spectaculaire porte-à-faux  en béton armé, tournant autour de la façade.

Le Corbusier, Lurçat, Mallet-Stevens,  Roux-Spitz, Faure-Dujarric… Autant de prestigieux noms qui reflètent notamment à Paris le charme avant-gardiste du Style international durant les années 30. Pourtant, de nombreux autres architectes, aujourd’hui bien oubliés, voire méprisés, ont contribué à façonner la capitale, la taquinant amoureusement quelque part entre élégant néoclassicisme et Modernisme audacieux.
Fruit du bouillonnement des conceptions architecturales de l’entre-deux-guerres, certaines de leurs réalisations fleurissent encore à Paname, offrant au promeneur un petit parfum rétro d’excentricité.


Jacques Cury et Fernand Leroy (1934) 
Le Building ou le Paquebot 
37, rue du Louvre (2e) 

Ancien siège du Figaro, cet immeuble reflète bien le prestige de l’architecture art-déco des grands boulevards. Le bâtiment est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.


Henri Bodecher (1932)
35, avenue Montaigne (8e)

Très bel immeuble style années 30



L. Bechmann et Chatenay (1932)
Shell building
45, rue d'Artois (8e)


Cet ensemble de 60 000 m2 de bureaux - le plus important de Paris à l'époque de sa construction - a été conçu  par un architecte qui revenait d'un voyage d'étude aux Etats-Unis comme une transposition à l'échelle  parisienne des buildings new-yorkais. Construit selon des techniques ultra-modernes dans le délai record de 20 mois, il bénéficia des installations les plus perfectionnées, venues d'outre-Atlantique :  panneaux radiants incorporés aux plafonds, ventilation, batteries d'ascenseurs automatiques, etc. 




 Zielinsky (1931)
Ateliers d'artistes
5 et 7, rue Gauguet (14e)



La rue Gauguet, à proximité du parc Montsouris, conserve deux superbes maisons-ateliers aux  n° 5 et n° 7 construites  par Zielinsky.  L’immeuble se présente comme la superposition de deux grands ateliers en duplex, éclairés chacun par une grande verrière. Deux balcons horizontaux répondent à la verticalité du bâtiment. Dans les années 50, le peintre  Hans Hartung (1904-1989) y eut son atelier.


au n°7

La villa-atelier du n°7 fut également construite en 1931. Elle fut habité par le peintre Nicolas de Staël (1914-1955). De Staël a d’ailleurs peint une toile intitulée Rue Gauguet, datée de 1949, aujourd’hui conservée au Museum of Fine Arts de Boston. 

Nicolas de Staël,  Rue Gauguet





Louis Heckly (1934)
Ensemble de logements
18, rue  Wurtz (13e)




Pierre Patout (1934)
Le Paquebot
3, boulevard Victor (15e)

L'immeuble tout en longueur, sa proue effilée, ses balcons-coursives, les duplex des derniers étages qui dessinent  des « cheminées » semblables à celles  du Normandie, sont la meilleure illustration parisienne de ce "style paquebot".



Germain Blanche (1934) 
Bains-douches 
27, rue de la Bidassoa (20e) 

Bâtiment public typique des années 1930 : brique rouge, volumes verticaux et horizontaux sans décoration  



Raymond Perruch (1930)
Logements
42, boulevard  Gouvion Saint Cyr (17e)

Les trois épais montants de pierre donnent à la façade un certain monumentalisme caractéristique de l'Art-Déco




 Fernand Colin (1932)

Immeuble de bureau
24, rue Feydeau (2e)

L’étroitesse de la rue a obligé Fernand Colin à rechercher le maximum de luminosité. Pour capter la lumière, il eut l’idée d’hérisser la façade de redents en accordéon (saillies à deux pans). Si l’allure générale est moderne, certains détails, comme les ferronneries des balcons, rappellent l’Art-Déco.




Charles Miltgen (1930) 

Palais de la Mutualité 
22, rue Saint Victor (5e) 

Le palais de la mutualité se caractérise par un élément architectural peu utilisé en Art-Déco : la colonne. Celle-ci est cannelée et engagée dans la façade. La façade et la toiture font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis 1949. L'escalier intérieur menant à la salle principale est de marbre blanc et comporte des « éléments de ferronnerie identiques à celles du paquebot Normandie ».




et en banlieue parisienne :




A. Maistrasse (1938)
Théâtre de Suresnes Jean Vilar 
16, place Stalingrad 
92150 Suresnes 

Au sein de la cité-jardin de la Fouilleuse à Suresnes (l’architecte A. Maistrasse fut chargé de la réalisation d’un théâtre-salle des fêtes. La façade de cet édifice de briques conçu dans un pur style Art Déco en harmonie avec les bâtiments alentour est mise en valeur par trois masques sculptés et deux grands bas-reliefs de René Letourneur.



 De formation classique, prix de Rome en 1926, René Letourneur (1898–1990) s’affirme avec d’autres sculpteurs des années trente (Janniot, SarrabezollesDelamarre) comme un protagoniste de l'intégration de l'art à l'architecture.


Henri Pingusson (1934)
Immeuble d’habitation dit « Villa Ternisien » 
5, rue Denfert-Rochereau 
92120- Boulogne-Billancourt 

Elle reflète le style Paquebot de l’époque et rappelle les constructions de Le Corbusier, qui a travaillé avec Pingusson et a même signé la réalisation d’un autre bâtiment dans la même rue !


Henri Pacon (1932) 
Maison des Cheminots 
Ciment et brique 
92120 - Nanterre 
21, avenue Henri Martin et 31, rue de Stalingrad 

En collaboration avec Edmont Lafont, l’architecte Henri Pacon réalise un groupe d’immeubles destinés à loger les cheminots de l’Etat. La structure de l’édifice, constituée de deux parties circulaires distinctes, l’une pour le corps d’habitation, l’autre pour les accès aux étages, est ornée de médaillons sculptés par Paul Belmondo (1898-1982).



Méconnues par l'historiographie de l'architecture moderne, les années trente sont pourtant fécondes en réalisations d'inspiration moderniste. Le jugement étroit de la critique n'a souvent retenu que les œuvres des grands noms de l'architecture, tels Le Corbusier ou Perret, ou quelques figures singulières comme Chareau ou Elkouken. C'est oublier que le Paris des années trente a été le siège d'une intense activité architecturale, que l'on commence aujourd'hui à redécouvrir. 

Bertrand LemoineL'architecture des années 30  (1987), Centre André Chastel : Laboratoire de recherche sur le patrimoine français et l'histoire de l'art occidental (CACLRPFHAO)


Jean Niermans (1935)
Résidence de l'architecte Jean Niermans (1897-1989)
3, rue Gambetta  (Boulogne-Billancourt)









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