lundi 22 juillet 2024

Albert Bergevin (1887-1974) - Regards sensibles



Beau livre publié à l'occasion de l'expo normande, Albert Bergevin (1887-1974) - Regards sensibles replace ce peintre majeur et méconnu du grand public dans le contexte artistique du premier tiers du XXe siècle. Elève de Maurice Denis et de Paul Sérusier, Albert Bergevin  côtoya les plus grands noms de la peinture du début du XXe siècle. A l'occasion du 50e anniversaire  de sa disparition la ville d'Avranches lui rend hommage à travers une magnifique exposition éponyme. Richement illustré, l'on découvrira dans le catalogue toute la  palette de cet artiste, qui non seulement fut un  énergique et brillant coloriste  mais aussi un  exceptionnel témoin de la région  d'Avranches à travers ses décors urbains ou ses paysages de la baie du Mont Saint-Michel. 
Albert Bergevin
Travail préparatoire pour l'affiche, 1921,
 gouache et crayon sur carton, 42 x 64 cm, Avranches, musée d'Art et d'Histoire

De façon exhaustive le livre relate son évolution picturale accompagnée de repères biographiques. Son père tenait un magasin d'antiquités. Elève du collège d'Avranches, il fut très tôt attiré par la vie artistique. A partir de 1903, il effectua de fréquents séjours à Paris. Il suit d'abord les cours de Louis Lavalley, puis ceux de l'Académie Julian et Ranson et de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris.   S'inscrivant pleinement  dans ce postimpressionnisme, dont l'on ne cesse depuis des années de redécouvrir toutes les facettes,   Albert Bergevin  nous apparaît  dans cet ouvrage  comme un bien curieux « moderniste tempéré ». Ce n'est pas un artiste qui rue brutalement dans les avant-gardes.  Aux lisières de la modernité et d'un certain classicisme son oeuvre donne l'impression à la fois d'une beauté formelle et d'une  source inépuisable d'inspiration.  

Albert Bergevin
Carnaval, 1924,
huile sur toile, 109 x 138 cm, collection particulière

« Tout en étant un peintre du mouvement et de la vie qui l'entoure, Albert Bergevin est aussi un peintre de paysages, inspirés par la campagne environnante »,  signale Bérengère Jehan dans le chapitre Paysages boisés.  Des scènes familiales aux natures mortes, en passant par les Autoportraits et les affiches l'on sent outre une grande fluidité un même sens intemporel du poétique et du quotidien. Le cirque, les forains et. la vie des nomades sont aussi une source d'inspiration certaine  pour le peintre, qui dans ses années de vie parisienne croque d'un oeil amusé tant le public que les acteurs des spectacles de théâtre et de cirque. Il mène également une description quasi ethnographique, notamment dans ses croquis des petits métiers de la vie quotidienne, ce qui donne un aspect à la fois cocasse et poétique à ses scènes   de la vie quotidienne. 

Albert Bergevin
Sous le parasol, sans date,
 huile sur toile, 84 x 68 cm, collection particulière

« Albert Bergevin porte sur la société qui l'entoure un regard d'une certaine acuité, mêlée d'humour voire de caricature  », écrit justement Bérengère Jehan dans le chapitre Regard sur ses contemporains.  Albert Bergevin a aussi tenu et illustré de 1914 jusqu'à la fin de sa vie un journal intime dans lequel il décrit  le monde qui l’entoure  avec le sens de l'observation qui le caractéristique. Il y livre un récit émouvant de l’Occupation, des bombardements, puis de la Libération d’Avranches, qu’il a vécus.  Dans l'un de ces carnets l'on peut même lire cette troublante confession : « L’art est une chose si décevante par moments que le découragement et le doute vous secouent comme de mauvais vents. Il faut de la souplesse et de profondes racines pour ne pas se rompre le cou ou se prendre les pieds dans la tempête »

Collectif,  catalogue Albert Bergevin (1887-1974) - Regards sensibles, Beau Livre/Art, éditions Ouest-France, 192 pages, 2024

A signaler :

Expo Albert Bergevin (1887-1974) - Regards sensibles

* Avranches, Scriptorial, du 6 avril  2024 au 8 mars 2025
* Bergues, musée du Mont-de-Piété, du 11 mai au 31 octobre 2025



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