(remise en ligne de la chronique de Blog de Phaco parue en 2017)
Dans un souci de réalisme social, Sean Baker a choisi comme cadre de son film un des innombrables motels bon marché qui écument les environs de Disney World. Constatant que la plupart des motels avoisinant le célèbre parc d’attractions de Floride hébergeaient des familles en situation précaire, Sean Baker a eu envie de réaliser un long métrage inspiré de l’enfance et des gens du coin. Mis à part William Dafoe (dans un subtil rôle de gentil manager de motel), il s’est entouré d’acteurs débutants et non-professionnels.
Dans un souci de réalisme social, Sean Baker a choisi comme cadre de son film un des innombrables motels bon marché qui écument les environs de Disney World. Constatant que la plupart des motels avoisinant le célèbre parc d’attractions de Floride hébergeaient des familles en situation précaire, Sean Baker a eu envie de réaliser un long métrage inspiré de l’enfance et des gens du coin. Mis à part William Dafoe (dans un subtil rôle de gentil manager de motel), il s’est entouré d’acteurs débutants et non-professionnels.
The Florida Project
Cela contribue à cette touche de fraîcheur cinglante qui caractérise l’ensemble de The Florida Project. Baker prend le parti audacieux et risqué d’exprimer sa pessimiste vision - celle d’une Amérique névrosée, honteuse et désargentée - à travers le regard insolent d’un groupe d’enfants délurés, auteurs de mille coups pendables. Tout en sachant très bien s’écarter d’un didactisme pesant, Baker cependant ne nous laisse rien ignorer de la réalité sordide de la vie des habitants du motel, hébergeant bon nombre de délinquants et de mères célibataires sans emploi. Par petites touches allusives et sans avoir besoin de recourir au voyeurisme, il nous confronte au quotidien d’Halley, âgée de 22 ans, jeune mère instable se prostituant occasionnellement.
The Florida Project
The Florida Project
A travers ces enfants et surtout Moonee, Baker dessine le portrait d’une Amérique familiale boîteuse avec ses images parentales faibles (mère incapable, père absent, père de substitution au rabais (le manager du motel). Propulsé davantage sur le mode malicieux que misérabiliste The Florida Project semble en fait refléter bon nombre de tensions actuelles aux USA et ailleurs - pas uniquement sociales - entre parents et enfants, tous milieux confondus. Même si la représentation des enfants peut y sembler outrée à travers le personnage survolté de Moonee, le cinéaste puise son inspiration dans le quotidien : comportement alimentaire excessif, violence verbale, tyrannie enfantine, attachement puéril aux séries ou encore fascination idiote pour les réseaux sociaux. Choisissant de décrire cette jeunesse « désinhibée » sur le mode drolatique, Baker signe là un film aussi étrange que percutant, propice à méditer sur le thème par ailleurs ultrarabâché de l’éducation.
durée : 1 h 50
The Florida Project, un film de Sean Baker, Etats-Unis, 2017
Avec Willem Dafoe (Bobby), Brooklynn Prince (Moonee), Bria Vinaite (Halley), Caleb Landry Jones (Jack), Christopher Rivera (Scooty), Valeria Cotto (Janney)
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