Réunissant près de 80 tableaux retraçant l’ensemble de son parcours l’ouvrage Tal Coat en devenir 1905-1985 de Jean-Marc Huitorel évoque l’oeuvre d’un des plus grands artistes du XXe siècle.
Plus connu sous le pseudonyme d’artiste de Tal Coat (« front de bois ») en breton Pierre Jacob fut toute sa vie un peintre autodidacte et surprenant, passant de toiles aux formes violentes et torturées (Les Massacres, 1937) à l’expérience d’un cubisme décoratif, en passant par une peinture gestuelle influencée par l’automatisme d’André Masson (Les Passages et les signes, 1953).
Nu et boeuf écorché
Huile sur toile, 1926, S.b.G. H.81 ; l.65 cm
Fonds Tal Coat - Domaine de Kerghehennec
Collection départementale du Morbihan
Catalogue de l’expo actuelle que lui consacre le Musée de Pont-Aven, Tal Coat en devenir retrace les grandes lignes picturales et recherches stylistiques de cet artiste singulier, qui à 20 ans quitta sa Bretagne natale pour Paris et exposa dès 1938 à New York. Sa technique artistique évolue et s’enrichit au fil des rencontres et de ses déplacements en France, d’Aix-en-Provence à Vernon (où il a passé les dernières années de sa vie), du sculpteur italien Alberto Giacometti à l’écrivain Ernest Hemingway. De sa rencontre avec Pablo Picasso en 1936, Tal Coat gardera par exemple des formes simplifiées et géométriques.
L'Absinthe
Huile sur toile, 1945, H.55 ; l.46 cm, S.b.d.
Fonds Tal Coat - Domaine de KerghehennecCollection départementale du Morbihan
Inspiré à la fois par l’espace, le mouvement, la lumière et la matière, la création de Tal Coat se profile aussi variée que passionnante avec peut être une certaine angoisse métaphysique, perceptible notamment dans sa série des Massacres, relative à la guerre civile espagnole, mais aussi dans certains portraits comme celui qu’il fait en 1935 de Gertrude Stein. De ses insolites sculptures en bois rappelant celles, futures, taillées à la hache d’un certain Baselitz aux expressifs autoportraits en passant par sa représentation personnelle des éléménts de la nature, le livre montre l'aspect puissamment fusionnel de cette œuvre, qui imbrique à la fois l’humain, le végétal, le minéral, voire l’animal. (L'artiste était fasciné par les lignes de l'art pariétal).
Massacres
Huile sur panneau de bois parqueté, 1936, H.24,5 ; l. 52,5 cm, S.b.d.Collection de Bueil & Ract-Madoux, Paris
Dans son ouvrage Aux déserts que l'histoire accable : l'art de Tal-Coat (chez Deyrolle éditeur) le philosophe Henri Maldiney évoque ainsi la fulgurance et le culot artistique du Breton :
« La vraie peinture est comme le monde. La vraie peinture est énergie. (...) Le monde de Tal Coat est le plus concret qui soit. Il est concret comme l’élémentaire. Mais l’élémentaire est à l’extrême de l’expérience (…) La nature c’est d’abord la forêt et les bêtes de la forêt, l’eau et la vie des eaux, les dessins d’une écorce et la lumière des lichens. Tout ce qui peut réunir et unifier l’expérience d’un géologue, d’un braconnier et d’un enfant : l’élémentaire pour Tal-Coat est l’énergie vivante de la nature. »
Jean-Marc Huitorel, Tal Coat en devenir 1905-1985 176 pages ; 20 x 25 cm ; broché, préface de Estelle Guille des Buttes-Fresneau, avant-propos de Olivier Delavallade, éditions Locus Solus, 2019
« La vraie peinture est comme le monde. La vraie peinture est énergie. (...) Le monde de Tal Coat est le plus concret qui soit. Il est concret comme l’élémentaire. Mais l’élémentaire est à l’extrême de l’expérience (…) La nature c’est d’abord la forêt et les bêtes de la forêt, l’eau et la vie des eaux, les dessins d’une écorce et la lumière des lichens. Tout ce qui peut réunir et unifier l’expérience d’un géologue, d’un braconnier et d’un enfant : l’élémentaire pour Tal-Coat est l’énergie vivante de la nature. »
Jean-Marc Huitorel, Tal Coat en devenir 1905-1985 176 pages ; 20 x 25 cm ; broché, préface de Estelle Guille des Buttes-Fresneau, avant-propos de Olivier Delavallade, éditions Locus Solus, 2019
A signaler :
Expo Tal Coat en devenir 1905-1985 au Musée de Pont-Aven (jusqu'au 10 juin 2019)
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