lundi 5 octobre 2020

Expo Victor Brauner - Je suis le rêve. Je suis l'inspiration

Victor Brauner. Cérémonie, mai1947
huile sur drap de coton rentoilé (190 x 238 cm)
Victor Brauner ©  Adagp. Paris 2020 Jean-Louis Losi ©  Adagp. Paris, 2020


Actuellement au Musée d’Art Moderne de Paris l’on peut découvrir une centaine d’œuvres, peintures, sculptures et objets de Victor Brauner (1903-1996), artiste visionnaire et mystérieux, d'origine roumaine.

A la fois célèbre et méconnu ce peintre, originaire d’une petite ville des Carpathes, s’installa à Paris dans les années 1930. Il fut introduit par Yves Tanguy dans les cercles surréalistes où il subit l’influence de Max Ernst et de Georgio De Chirico. Mais il   fut exclu en 1947 du groupe surréaliste par André Breton. Il semble  difficile de mettre des étiquettes face à cette œuvre troublante et onirique, parsemée de codes mexicains, d’hiéroglyphes égyptiens et de références aux tarots. Ces tableaux, dessins et sculptures nous laissent simplement deviner les secrètes obsessions de l’univers braunerien, imprégné par les mythes, la sexualité, les bestiaires et les grands thèmes psychanalytiques. Certains tableaux célèbres intriguent comme le prémonitoire  Autoportrait à l'oeil énucléé   (1931).  En effet, en 1938, lors d’une bagarre entre Oscar Dominguez et Esteban Francés, l'artiste fut atteint en plein visage par un verre, qui le priva définitivement de son œil gauche.

Victor Brauner, Autoportrait, 1931
Huile sur toile
0.22 m x 0.162 m
MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais /
 image Centre Pompidou, MNAM-CCI © Adagp, Paris 2020

Agréable et bien conçue l’expo Victor Brauner - Je suis le rêve. Je suis l'inspiration s’attache à nous montrer les étapes marquantes de sa peinture - au début inspirée par le dadaïsme, le futurisme et le constructivisme -, laissant chaque fois au visiteur l’occasion de s'interroger sur la  profusion de  signes et de symboles, caractéristique chez l'artiste. C’est sans doute toute l’originalité de l’œuvre de Brauner : s'ancrer dans une cosmogonie toute personnelle.  Derrière leur simplicité apparente ses tableaux nous attirent par leur langage pictural à la fois imagé, moderne et poétique. De ce monde « surréaliste », qui  semble indéfiniment jouer à chercher les ressorts du monde invisible, se dégage en tout cas un vibrant univers narratif. En 1965, Brauner concevra son œuvre testament, un cycle de 13 tableaux  Mythologie et la Fête des Mères, dont les cadres en bois découpé et peint font partie intégrante, et dont les titres renouent avec l’esprit Dada : L’aéroplapla, L’automoma, Le poisson à roulettes. De cette oeuvre à la méticulosité  flottante l'historien d'art Sarane Alexandrian écrivait justement * : « Sa peinture constitue - et c’est un trait commun avec d’autres peintres surréalistes - un attentat à l’habitude. A l’opposé de la peinture de genre, il entend rivaliser avec la littérature ou la philosophie avec les moyens de la description, de la narration et du chant. »

* Sarane Alexandrian, Victor Brauner, Les Roumains de Paris, éditions Oxcer, 2004, p.190

Expo Victor Brauner - Je suis le rêve. Je suis l'inspiration
Musée d’Art Moderne de Paris
11, avenue du Président Wilson  
Paris 16e
horaires : ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h ; nocturne le jeudi jusqu’à 22h

jusqu'au 10 janvier 2021






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