lundi 25 avril 2016

Expo Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918)



 

Réunissant environ 300 œuvres du peintre portugais Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918), le Grand Palais met à l’honneur un artiste majeur du XXe siècle, qui fut emporté à 30 ans par la grippe espagnole.

Par ses audaces stylistiques et sa sensibilité raffinée et aventureuse, Amadeo de Souza-Cardoso aura marqué l’histoire de la peinture, même si son œuvre ne s’étale finalement que sur un peu plus d’une décennie de vie artistique. Evoquant en 2000 la fulgurante créativité du peintre, un réputé historien d’art qualifia opportunément Souza-Cardoso comme « l’un des secrets les mieux gardés du début de  l’art moderne ».

Amadeo de Souza-Cardoso, procession Corpus Christi, 1913 
huile sur bois 29 x 50,8 cm 
Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian photo Paulo Costa 

Ami de Modigliani et du couple Delaunay, cet autodidacte cosmopolite, écartelé entre deux pays d’élection - le Portugal et la France - embrassa sans perdre son identité bon nombre des grands mouvements picturaux : cubisme, futurisme, orphisme, expressionnisme. Outre la grande qualité des tableaux présentés, l’ensemble laisse sur l’impression tonique d’une certaine virtuosité et d’une parfaite aisance formelle. Cette création nous intrigue à la fois par son éclectisme, sa vive sensibilité et sa cohérence. En près d’une décennie, cet artiste - installé dès 1906 dans la bohème des ateliers de Montparnasse - n’aura cessé d’évoluer tout au cours d’une carrière éclair, offrant par sa patte si particulière les plus excitantes expérimentations artistiques.

Amadeo de Souza-Cardoso, Titre inconnu (Coty), vers 1917 
technique mixte 94 x 76 cm, Lisbonne 
CAM / Fundação Calouste Gulbenkian photo Paulo Costa 

Le parcours thématique de la rétrospective du Grand Palais nous invite donc à découvrir cet univers intime à travers peintures, dessins, gravures et photographies sans oublier la belle installation vidéo de Nuno Cera intitulée « Tour d’horizon » (2016). Par le prisme du paysage et de la mémoire, cette dernière évoque les sources d’inspiration du peintre à travers des lieux emblématiques comme le château de Keriolet en Bretagne ou le village de Manhufe, situé au nord du Portugal. Au cours de l’expo, l’expressivité colorée des têtes océan de Souza-Cardoso pourra évoquer à certains les masques africains si prisés par Derain et Picasso.

Amadeo de Souza-Cardoso, Titre inconnu (Clown, cheval, salamandre), détail, vers 1911-1912, gouache sur papier, 23,80 x 31,80 cm, Lisbonne
CAM / Fundação Calouste Gulbenkian photo Paulo Costa 

D’autres œuvres de Souzo-Cardoso nous orientent vers d’autres subtiles ambiances comme « La Légende de saint Julien l’Hospitalier », marquée par l’héraldique médiévale. (On signalera notamment la superbe série iconographique de 20 dessins du projet éditorial XX Dessins, 1912.) Les expérimentations cubo-futuristes, l’attrait pour la culture populaire portugaise, le goût pour les primitifs italiens comme la passion pour les figures géométriques et les  images de l’ère industrielle nourrissent cette création ambitieuse. Portée par une vraie modernité de style et de ton, l’œuvre passionnante d’Amadeo de Souza-Cardoso vaut  le déplacement ! 

Expo Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918)
Grand Palais
3, avenue du Général Eisenhower
galeries nationales (entrée square Jean Perrin)
Paris 8e
horaires : du jeudi au lundi de 10 h à 20 h, mercredi de10 h à 22 h, fermé le mardi

jusqu’au 18 juillet 2016

Amadeo de Souza-Cardoso
s.d. ASC 01/70, Fonds Amadeo de Souza-Cardoso, FGG – Biblioteca de arte









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