lundi 1 octobre 2012

Portrait de famille



Actuellement, l’on peut voir au Musée du Montparnasse une  insolite expo présentant une cinquantaine d’œuvres (peintures, photographies) des Bonichi, artistes italiens de la même famille. Chacun d’eux - Eso Peluzzi, Gino Bonichi (Scipione), Claudio Bonichi et Benedetta Bonichi - exprime à travers ce siècle d’art (1912-2012) une vision à la fois forte et personnelle.

Egalement, ils semblent liés par une thématique du corps et de subtiles - et ataviques - connexions picturales. Judicieusement appelée « Portrait de famille », cette expo nous offre un séduisant fil conducteur pour rentrer dans leur univers, imprégné selon les périodes d’expressionnisme ou de surréalisme. Par sa poésie sombre et son climat de fantaisie, l’ensemble des œuvres exposées plonge le visiteur dans un univers résolument onirique, proche du délire sur le mode surréaliste. Eso Peluzzi, le premier de cette dynastie, étonne par ses tableaux bizarres. Ses objets découpés (instruments de musique) ou ses corps désarticulés proposent un climat cubiste et baroque. Quant aux peintures de Gino Bonichi (Scipione), représentant de l’ « Ecole de la Via Cavour », elles surprennent par un expressionnisme subtil et leurs inclinations néobaroques.

Claudio Bonichi, La contorsionniste, 1982, huile sur toile, 80 x 90 cm

Benedetta Bonichi, Le banquet de mariage, 2002, technique mixte sur Dibond, 550 x 150 cm (détail)

Claudio Bonichi, L'attente, 2004, huile sur toile, 80 x 100 cm

Benedetta Bonichi, Le collier de perles, 2002, technique mixte sur toile, 220 x 140 cm

 Les œuvres de Scipione - peuplées de dignitaires, de prélats ou de courtisanes - intriguent autant que celles d’un Munch ou d’un Ensor. Les toiles de Claudio Bonichi nous orientent vers un univers à la foi raffiné et inquiétant, enrobé de masques. Caractérisés par des formes épurées et des tons doux, les tableaux de Claudio Bonichi nous suggèrent toute une gamme de sentiments comme le désir, la peur ou l’incommunicabilité. Certains comme Le carillon à la maison des dieux (1976), L’attente (2004) ou La contorsionniste (1982) forment une synthèse particulièrement éloquente de l’univers de ce peintre. Enfin la photographe Benedetta Bonichi se profile artistiquement de façon plutôt destroy. Elle emploie la technique de la radiographie médicale à des fins esthétiques. Ses images de squelette, telles des vanités de IIIe millénaire, se plantent dans notre œil entre réalité et illusion, exprimant un monde à la fois morbide et fascinant. Dans les œuvres photographiques de Benedetta Bonichi, le corps se profile telle une architecture glacée aux multiples positionnements. Dans toute sa crudité de squelette, ce corps paré d’éléments symboliques (bijoux, chaussures…) ne cesse de nous interroger.

Portrait de famille est une petite expo mais des plus percutantes !


Portrait de famille
Un siècle d'art italien de 1912 à 2012 à travers les œuvres d’une famille d’artistes




Musée du Montparnasse
21, avenue du Maine
Paris 15e
Tous les jours, sauf le lundi, de 12 h 30 à 19 h
du 23 septembre au 21 octobre 2012


Eso Peluzzi, Masques du pays, 1930, huile sur toile, 107 x 86 cm

Gino Bonichi (Scipione), Portrait du  Cardinal Doyen (le Cardinal Vannutelli), 1930, huile sur toile, 133,7 x 117,3 cm

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