Avec la reprise au Théâtre des Gémeaux Parisiens de la pièce
Le Petit Coiffeur Jean-Philippe Daguerre nous propose un spectacle intense orienté vers le climat lourd, léger et provincial des périodes historiques improbables.
Jean-Philippe Daguerre avait déjà abordé dans sa pièce fétiche Adieu Monsieur Haffmann les ambiguïtés de la période de l'Occupation, décrivant sans céder à la tentation moralisatrice le quotidien et les petites lâchetés de personnages anonymes, le tout sur fond de négoces obscurs et de petits marivaudages bourgeois. Copyright Fabienne Rappeneau
Le Petit Coiffeur - Théâtre Rive Gauche
L'histoire du Petit Coiffeur a pour origine « La tondue de Chartres », célèbre photo du photographe Robert Capa représentant une femme tondue à la Libération dans une rue de Chartres, portant son bébé de trois mois dans les bras. Daguerre en a fait une histoire. La ville vient tout juste d'être libérée de l'occupation allemande. La première partie du spectacle nous fait rentrer dans l'atmosphère bon enfant d'un salon de coiffure un peu provincial, tenu par une femme de tête (Marie Girard), partageant sa vie entre ses deux fils, Paul, un peu simplet et l'autre Pierre, un véritable artiste qui ne dénie pas de portraiturer les clientes du salon de coiffure.
Copyright Fabienne Rappeneau
Le Petit Coiffeur - Théâtre Rive Gauche
Il y aussi une institutrice (Lise) faisant jaser et un résistant un peu bougon et revanchard. Puis dans une seconde partie, le spectacle prend une coloration beaucoup plus sombre avec la révélation que Lise fut autrefois amoureuse et amante d’un soldat de la Wehrmacht. Les résistants de la ville cherchent alors à arrêter la jeune fille, modèle et désormais amante de Pierre, le peintre-coiffeur que lui avait présenté Marie Girard mère. Les masques tombent, annonçant alors des représailles et des quiproquos.
Copyright Fabienne Rappeneau
Le Petit Coiffeur - Théâtre Rive Gauche
Excellents, les comédiens savent subtilement naviguer entre tendresse et dureté. On apprécie la fluidité des scènes, le décor réaliste sans être pédant, et surtout l'aisance naturelle du jeu des comédiens. Sans didactisme le spectacle parvient à véhiculer un message nettement humaniste, mettant l'accent à la fois sur la complexité des situations et sur le danger des jugement expéditifs. Daguerre a un réel talent de conteur. Il bouscule le spectateur émotionnellement en le forçant à s'interroger sur la véracité des faits, sur l'authenticité du langage ou la réalité souvent insaisissable de ses personnages.
Copyright Fabienne Rappeneau
Le Petit Coiffeur - Théâtre Rive Gauche
Il nous fait douter du monde, d'un univers tranché où il y aurait d'un côté de bons résistants et de mauvais collabos. Le Petit Coiffeur nous interroge autant sur le petit univers étriqué des revanchards et des profiteurs que sur les aspirations les plus nobles de simples gens en temps de guerre. A partir du matériau de l'ambivalence des sentiments et des discours a priori logiques l'auteur de La famille Ortiz et de Adieu Monsieur Haffmann nous propose un spectacle à la fois grave, distrayant et philosophique!
durée : 1 h 20
Le Petit Coiffeur, une pièce écrite et mise en scène par Jean-Philippe Daguerre
Avec, en alternance : Félix Beauperin, Pierre Benoist, Raphaëlle Cambray, Arnaud Dupont, Brigitte Faure, Romain Lagarde, Charlotte Matzneff, Sandra Parra, Thibaut Pinson, Julien Ratel, Thierry Sauzé
Reprise
Théâtre des Gémeaux Parisiens
15, rue du Retrait
Paris 20e
horaires : mercredi/vendredi (21 h), jeudi*/samedi (19 h), dimanche (15 h)
* jeudi 10 octobre (21 h)
jusqu'au 1er décembre 2024
UPONT (ou Julien RATEL ou Thierry SAUZÉ)
Brigitte FAURE (ou Raphaëlle CAMBRAY)
Romain LAGARDE (ou Pierre BENOIST)
Charlotte MATZNEFF (ou Sandra PARRA)
c (en alternance) :
Félix BEAUPERIN (ou Eric PUCHEU)
Arnaud DUPONT (ou Julien RATEL ou Thierry SAUZÉ)
Brigitte FAURE (ou Raphaëlle CAMBRAY)
Romain LAGARDE (ou Pierre BENOIST)
Charlotte MATZNEFF (ou Sandra PARRA)
Une pièce écrite et mise en scène par Jean-Philippe DAGUERRE
Avec
(par ordre alphabétique)
Félix BEAUPERIN
ArnaudUne pièce écrite et mise en scène par Jean-Philippe DAGUERRE
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