lundi 30 septembre 2024

L'habitat rural des Hautes-Vosges - Du territoire à la ferme


Richement illustré et fruit d'une recherche initiée il y a plus de 40 ans, le livre  L'habitat rural des Hautes-Vosges présente une synthèse thématique de l'architecture rurale de ce vaste territoire de 120 communes. S'appuyant sur un minutieux travail de terrain et de nombreuses archives, ce bel ouvrage met en lumière la richesse et la beauté patrimoniale des Hautes-Vosges. 

La ferme du Launard, établie sur une terrasse artificielle. 
(page 128

Par le texte et l'image il nous montre aussi  un paysage attractif dans lequel se niche un habitat généralement dispersé sur les pentes ou resserré au creux des vallées. Ainsi, dans l'intéressant chapitre consacré au bâti rural l'on peut suivre les principaux types de fermes ainsi que  leurs variantes. Les auteurs rappellent que jusqu'au début du XIXe siècle, la ferme se profile comme le modèle quasi unique de construction à la campagne pour les commanditaires publics comme privés.

Anciennes terrasses de culture, aujourd'hui en prés, à Fraize. 
(page 140)

Dans un autre chapitre intitulé Habiter la ferme l'on découvre toute l'inventivité des aménagements intérieurs comme le système de chauffage à cheminée au large assorti d'un placard de chauffe, largement répandu dans les Hautes-Vosges jusqu'au XIXe siècle. Au-delà du  pittoresque (poële à plaques de fonte, cuisinière en tôle, fourneau à quatre pots), par le texte et l'image,  L'habitat rural des Hautes-Vosges nous raconte  l'histoire souvent méconnue  de la rencontre entre modernité et monde rural.

Ferme de la première moitié du XIXe siècle, à cinq travées et deux niveaux  de comble, à Conches. 
(page 177)

Pointu mais parfaitement accessible à tout public ce volumineux livre, truffé d'informations précises, propose une analyse fine de l'histoire socio-économique du territoire, du haut Moyen Age à la Révolution.  L'on y trouvera aussi des thématiques sur la vie religieuse,  la morphologie des villages, les modes de construction et les équipements communautaires ou publics. 

Ferme du Phény à Gérardmer.
(page 194)

Les amoureux de l'architecture, notamment, seront surpris par la diversité de l'esthétique des fermes des Hautes-Vosges et par le degré de raffinement des décors de façades et inscriptions.  L'aventure se cache souvent derrière une simple porte piétonne de ferme du XVIIIe siècle ou le luxueux et parfois ésotérique décor d'une porte du XIXe siècle. 

Ferme de la première moitié du XIXe siècle à Raves au riche décor de façade.
(page 335)

L'on peut lire ceci page 354 : « Entre 1820 et 1880, la qualité du décor atteint son apogée. A mesure que les linteaux débardés en cavet remplacent ceux en  « chapeau de gendarme  » dans les nouvelles constructions, l'arc de la porte de grange  s'aplatit pour prendre la forme d'une anse de panier.» Bref, tout ce qui fait le quotidien du territoire à travers diverses périodes nous est présenté avec une iconographie variée : le mobilier, la vaisselle (et les ustensiles de cuisine), la nourriture, les vêtements...

Décor de porte piétonne à deux registres, daté de 1809, associé à un linteau débardé en cavet portant l'inscription « DOM NISI DOMINUS AEDIFICAVERIT DOMUM IN VANUM LABORAVERUNT QUI » (Si l'Eternel ne bâtit la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent),
 d'une ferme à Ban-de-Laveline.
(page 352)

A propos du fameux bonnet de la région l'on peut lire page 334 :  « Les Vosgiens portèrent longtemps un bonnet tricoté, parfois sous leur chapeau, en hiver, ou une casquette à longue visière, à bord arrière relevé. Lors des grands froids, ils pouvaient aussi se protéger avec une casquette à pont, dite bonnet de Russe, avec rabats sur les oreilles, de fabrication domestique, en pelage de lapin ou de renard, ou en fourrure de loutre, les dimanches.» 

Décor sculpté du placard de chauffe de la ferme Popard à Ban-de-Sapt. Il est composé de deux svastikas surmontés de marguerites inscrites dans un carré encadrant le trigramme christique et l'inscription « IL 1723 ». L'encadrement  est percé de trous destinés aux chevilles de bois permettant de fixe
 la façade menuisée.
(page 415)

Au final, l'on saluera la concrétisation de cet ambitieux  projet éditorial, qui outre d'explorer une histoire jusqu'à présent peu étudiée a le mérite de faire découvrir par la photographie toute la singularité du bâti du Massif vosgien. 

* visuels et légendes in L'habitat rural des Hautes Vosges -  Du territoire à la ferme

Collectif,  L'habitat rural des Hautes Vosges -  Du territoire à la ferme, Beau Livre/Patrimoine, éditions Lieux Dits, 416 pages/816 illustrations, 2024

Préface de Franck Leroy, Président du conseil régional du Grand Est

Textes :
Jean-Yves Henry, avec les contributions de Mireille-Bénédicte Bouvet, Jacques Guillaume, Damien Parmentier, Jérôme Raimbault, Francine Roze

Photographies :
Simon Durand avec la collaboration de Bertrand Drapier

Dessins et cartographies  :
Jean-Yves Henry avec la collaboration d'Audrey Schneider




















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