lundi 23 septembre 2024

Les Belles Créatures



Dans Les Belles Créatures, film à la fois nerveux et crépusculaire, le réalisateur islandais  Guðmundur Arnar Guðmundsson  pose un regard incisif sur une jeunesse paumée prise dans l'engrenage de la violence. Déjà dans Heartstone, un été islandais (2016), son  premier long métrage, le cinéaste scrutait le parcours dans un village islandais  de deux ados  faisant les quatre cents coups.  L'exploration de la jeunesse des marges est un peu sa marque  de fabrique.

Les Belles Créatures

En outre,  son univers cinématographique est émaillé de nombreux souvenirs personnels. Le climat  d'un  Ken Loach, de ses familles ouvrières et de ses cités grisâtres n'est  pas très éloigné de celui de   Guðmundur Arnar Guðmundsson et cette Islande en bord de mer qu'il nous décrit  enveloppe  le spectateur du même sentiment  d'impuissance, de paupérisation et de torpeur sur fond de violence physique et d'incompréhension familiale. Sans être véritablement une étude sociale Les Belles Créatures  semble s'intéresser à montrer le fonctionnement   d'un petit groupe de jeunes dans l'Islande d'aujourd'hui.  

Les Belles Créatures

Au début du film l'on suit le parcours chaotique de Balli, enfant harcelé, qui rejoint progressivement une bande de marginaux du même âge. Livrés à eux mêmes, les quatre membres du groupe adoptent un comportement de plus en plus dangereux et semble-t-il  ce qui stimule le réalisateur  c'est autant d'interroger la question des limites (morales et sociales)  au sein de cette  récente communauté  que le potentiel amical qui se consolide dans un environnement dangereux et viril. 

Les Belles Créatures

Encore une fois à travers l'exposition de parents défaillants (ici sur fond d'alcoolisme, de drogue et de prison) et celle d'enfants/petits caïds mal dans leur peau ce nouveau film  suggère pleinement  autant la tentation masochiste assumée de la violence que le difficile dialogue entre générations.  Mais heureusement    Guðmundur Arnar Guðmundsson échappe en partie au manichéisme dans ce curieux film   qui  semble osciller en permanence entre  La Guerre des Boutons et Orange mécanique

Les Belles Créatures

Peut être plus intimiste que politique   Les Belles Créatures se profile un film qui questionne pleinement l'appartenance au groupe et les motivations secrètes de chaque membre.  Au passage, l'on signalera  l'excellent casting du film avec de véritables personnages,  ce qui contribue  à l'intensité dramatique à la fois sulfureuse et réaliste du long métrage.   Logements et personnages glauques, sexe, inceste,  bagarres, réseaux familiaux....  Dans un style cinématographique à la fois cruel et désinvolte notamment dans les dialogues Les Belles Créatures nous montrent  l'envers du décor. L'on notera aussi la dimension fantastique du long métrage à travers la mise en abyme des rêves d’Addi  ou l'esthétique ésotérique liée aux besoins du  scénario. 

durée : 2 h

Les Belles Créatures, un film de Guðmundur Arnar Guðmundsson, drame,  Islande, Danemark, sous titres français, 2022

Avec Birgir Dagur Bjarkason (Addi), Áskell Einar Pálmason (Balli), Viktor Benóný Benediktsson (Konni), Snorri Rafn Frímannsson (Siggi)

Les Belles Créatures


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