lundi 4 décembre 2017

Le Malade imaginaire


Au Théâtre Déjazet, Michel Didym met en scène le Malade imaginaire, célèbre comédie de Molière. Il lui donne une coloration à la fois drôle, psychologique, sobre et émouvante.


Ecrite en 1673, le Malade imaginaire fut la dernière pièce jouée par l’auteur de Tartuffe, qui mourra après la quatrième représentation. Au-delà du fort symbole théâtral, cette pièce phare permet de découvrir une synthèse des thèmes obsessionnels de Molière et de tout ce qui constitue son répertoire comique : médecins outranciers et charlatans (Thomas Diafoirus, Monsieur Purgon), père stupide, maniéré et castrateur (Argan), amoureuse frustrée (Angélique), domestique rusée et altruiste (Toinette) ou encore conjointe intéressée (Béline).

Le Malade imaginaire - Théâtre Déjazet

Argan s'y profile tout aussi ridicule que le M. Jourdain du Bourgeois gentilhomme mais tout autrement. Subtilement, André Marcon interprète le maniaque central Argan, obsédé par un confort illusoire et rongé par une folie sinueuse, du fait qu’il se croit « malade ». Habitué des saignées et accumulant toutes sortes de remèdes, il n’attire à lui que les parasites, refusant d’écouter les seules
personnes qui lui sont dévouées : sa discrète fille Angélique et la rieuse servante Toinette.

Le Malade imaginaire - Théâtre Déjazet

Au-delà du contexte historique de la médecine du XVIIe siècle, le Malade imaginaire reste encore aujourd'hui une comédie drôle et moderne. De discrètes parties musicales et chorégraphiées ainsi qu'une brochette de comédiens intuitifs et talentueux contribuent à donner tout son piment à cette
pièce par essence psychologique. Le metteur en scène a su restituer la dimension profondément métaphysique d'une comédie qui laisse deviner une gravité certaine derrière les sourires/rires qu'elle suscite. Ici le tragique naît de l’incompréhension fondamentale entre Argan et son entourage le plus proche.

Le Malade imaginaire - Théâtre Déjazet

Cependant, Molière donnera au final de sa dernière pièce une tonalité résolument optimiste avec l’intervention altruiste de Béralde (le frère d'Argan). Et après une succession d’amusants simulacres et une ultime célébration bouffonne d’intronisation à la médecine, Argan, obligé de faire face à lui même, parviendra à un certain degré de connaissance. Propulsé par une certaine méticulosité (originalité des costumes et des effets scéniques) ainsi qu'une certaine intensité (les caractères bien trempés des personnages), ce spectacle au ton moderne s’avère percutant !

durée : 2 h

Le Malade imaginaire
Mise en scène : Michel Didym
Avec André Marcon ou Michel Didym (Argan), (André Marcon du 3 au 9 nov, les 11 et 16 nov et du 24 au 31 déc - Michel Didym le 10 nov, du 12 au 15 nov et du 17nov au 23 déc.), Norah Krief ou Agnès Sourdillon (Toinette), Jeanne Lepers ou Pauline Huruguen (Angélique), Catherine Matisse (Béline), Bruno Ricci (Le notaire, Thomas Diafoirus, Monsieur Fleurant), Jean-Marie Frin (Polichinelle, Monsieur Diafoirus, Monsieur Purgon), Barthélémy Meridjen ou François de Brauer (Cléante), Jean-Claude Durand ou Didier Sauvegrain (Béralde)

Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
Paris 3e
horaires : du mardi au samedi à 20 h 45, les samedi à 16 h et 20 h 45, dimanche 24 et 31 décembre à 14 h

jusqu'au 31 décembre 2017

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