3 ans après l'emblématique Montbray, la chanteuse belge Sylvie Kreusch nous revient avec un 2e opus solo, le somptueux Comic Trip.
Il est difficile de situer Sylvie Kreusch mais par son puissant timbre mélodique et sa capacité à proposer des compositions originales et ciselées l'on pourrait la ranger quelque part entre Lana Del Rey, Weyes Blood et Tori Amos. Entre sonorités pop et musique alternative, la chanteuse et instrumentiste anversoise est aussi un personnage un peu théâtral que l'on peut découvrir à travers ses prestations scéniques et ses clips, s'inscrivant ainsi dans une longue tradition d'artistes avant-gardistes, de Kate Bush à Anna Aaron en passant par Lene Lovich ou Anna von Hausswolff. Au crépusculaire Montbray succède un disque d'une modernité différente mais toute aussi plaisante. Par la grande variété de ses styles musicaux Comic Trip (11 titres) se profile un disque plein de surprises avec des sonorités chatoyantes de pop américaine et des réminiscences glam rock ou psychédéliques pouvant rappeler la période britannique des seventies. Dans sa façon de moduler sa voix Sylvie Kreusch fait preuve d'inventivité et - chose rare sur un opus - la plupart des titres sont intéressants. Rapides et rythmés des morceaux comme « Butterfly » et « Ride away » font mouche comme sur ce dernier titre où acrobaties pianistiques et parties vocales variées - celles de Kreusch - se croisent entre des rythmologies country, bossa nova et psychédéliques.
« Comic Trip » - la chanson éponyme de l'album - serpente énergiquement entre chatoyance instrumentale (piano, guitares, percussions) et chant inspiré. L'on pourrait situer cette chanson quelquepart entre la new wave remuante des The Go-Go's et le versant le plus pop d'une Kate Bush [Red Shoes]. Autre morceau emblématique « Ding dong » propose une intéressante progression mélodique où les parties vocales de Kreusch se plaquent sur une pop tantôt glam, new wave ou psychédélique. Quant au somptueux « Sweet love (coconut) » avec son élégant crescendo guitare/piano/batterie, c'est un morceau emblématique de cette pop légère et aérienne, lorgnant vers un glam/folk rock nostalgique. Ue chanson dans l'esprit finalement pas très éloignée du « China girl » de Bowie ou du Bryan Ferry de la période Taxi ! Zigzaguant entre art rock et folk atmosphérique « Daddy's selling wine in a furning house » est une autre chanson reptilienne, dominée sur un tempo plus lent par la voix puissante et sensuelle de l'artiste. « Home » est un titre nostalgique et prenant sur lequel la Flamande plaque son timbre mélodique entre glam rock et circonvolutions classisantes. Quant à « Hocus pocus » , il lorgne plutôt vers la pop britannique des sixties ou même le glam rock cher à Joan Jett. Au final, par sa capacité à instaurer « des climats » à travers ses compositions et à proposer une musique à la fois légère, directe et rêveuse, Sylvie Kreusch nous sert avec Comic Trip un plat musical de premier choix !
Comic Trip, Sylvie Kreusch, Sony Music Entertainment, 2024
A signaler :
concert de Sylvie Kreusch à La Maroquinerie (Paris 20e) le 4 décembre 2024 (20 h)
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