Du superbe hôtel de la Païva aux pimpantes architectures publicitaires en passant par la profusion décorative de la Banque Transatlantique [26, avenue Franklin Roosevelt], le livre Champs-Elysées 1900-1930 Art Nouveau - Art Déco évoque l'histoire et la vitalité artistique d'un des quartiers phares de la capitale. Publié chez AAM éditions, ce nouvel ouvrage, à la riche iconographie et au texte érudit, simple et plaisant, nous fait découvrir toutes les facettes du quartier des Champs-Elysées entre la Belle Epoque et la fin des années 30. A la fois lieu stratégique et commercial des plaisirs parisiens et symbole du raffinement et de l'élégance, les Champs-Elysées ont été fortement imprégnés par l'Art Nouveau puis un peu plus tard par l'Art Déco.
Photographie Luc Boegly et L'Architecture, n° 11, 1930
Entrée et salle du conseil de la Banque Dupont (actuelle Banque Transatlantique),
26 avenue Franklin Delano Roosevelt, Joseph Marrast architecte, 1926-1930.
A la fois raffinée et nostalgique, cette empreinte on la retrouve partout : dans les théâtres, les cafés, les salles de cinéma, les immeubles, les hôtels particuliers... Fruit de promoteurs visionnaires, l'avenue des Champs-Elysées fut d'abord un vaste chantier qui s'étala dans les années 1920 et 1930, donnant lieu au renouvellement commercial et artistique de tout un quartier avec ses endroit emblématiques comme le restaurant Le Fouquet's ou le cinéma Normandie. Des marques automobiles emblématiques comme Alfa Romeo. Citroën, Peugeot et Renault s'installèrent également dans ce quartier huppé, synonyme de luxe et de mode dans l'imaginaire touristique mondial. Le diamantaire Léonard Rosenthal fut l'un de ces promoteurs inspirés du futur quartier. Il ouvrit deux galeries des Champs-Elysées, les Arcades et les Portiques, au milieu des années 20.
Pleine de surprises l''histoire architecturale et décorative des Champs-Elysées a autant côtoyé les modes que les grands mouvements artistiques. Et l'ouvrage détaillé Champs-Elysées 1900-1930 Art Nouveau - Art Déco nous fait découvrir toute la diversité et le charme rétro de ces mutations. A elle seule l''avenue des Champs-Elysées constitue un éloquent panorama de cet environnement unique, des luxueuses architectures commerciales édifiées dans les années 1910 comme l'immeuble Guerlain (au 68) [Charles Méwès architecte, 1914] au curieux immeuble de bureaux (au 116 bis) avec ses quatre bow-windows en forme d'accordéon [Viatcheslav Oltarjevski architecte, Jean Desbouis ingénieur, 1930-1932].
A la fin des années 30, en réaction au style luxueux, s'installa au 73 avenue des Champs-Elysées le Pam-Pam, un bar visant un public jeune et aux références américaines - linoléum au sol, tube en métal pour les meubles, décor épuré aux ton jaune citron, bleu azur ou rose clair. L'avenue a d'ailleurs toujours cumulé les extrêmes. Si elle demeure le symbole des grandes célébrations nationales (football en tête, 14 juillet, etc.), son image s'est dégradée. Sur les 100 000 visiteurs journaliers, seuls 3% sont des flâneurs franciliens face à 72 % de touristes. Selon un sondage réalisé il y a deux ans pour le Comité des Champs, les Franciliens la considèrent comme touristique (71%), bruyante (26%), artificielle (19%) stressante (13%) et même dangereuse (10%), en opposition à l’image de luxe (58%) qu’ils en ont…!
Affiche pour les Folies Marigny aux Champs-Elysées, Vincent Bocchino dessinateur, vers 1894. En 1894, le théâtre des Folies Marigny est installé à l'intérieur du panorama élevé en 1881 par l'architecte Charles Garnier. Les travaux de transformation sont réalisés par l'architecte le Maire qui crée notamment une nouvelle entrée couverte visible sur l'affiche.
Et sans doute, encore aujourd'hui, la richesse de son patrimoine architectural constitue un de ses atouts majeurs. L'on signalera à la fin de l'ouvrage l'Album de photographies de France de Griessen ainsi qu'un un intéressant répertoire biographique. Ce dernier va d'André Louis Arfvidson (1870-1935), architecte d'une grande variété [classique, régionaliste, Art Nouveau, Art Déco] - qui fut entre autres celui de la Butte-Rouge à Chatenay-Malabry - à Emile-Louis Viret (1881-1968), architecte qui signa avec Gabriel Marmorat le palais de la Presse en 1931. Viret fut aussi reconnu pour ses projets d'urbanisme, au Brésil et en France.
* toutes les photos et légendes in Champs-Elysées 1900-1930 Art Nouveau - Art Déco
Champs-Elysées 1900-1930 Art Nouveau - Art Déco, Beau Livre, AAM Editions, cartonné sous jaquette, 304 pages, 2021
AUTEURS :
Préface de Nadine de Rothschild.
Sous la direction de Maurice Culot et Charlotte Mus.
Textes de Jean-Michel Leniaud, Jean-Baptiste Minnaert, Shahram Abadie et Thierry Tessier.
Photographies contemporaines de France de Griessen
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