Dans L'étoile sombre - L'égérie sacrifiée de la mode et du cinéma Philippe Durant dresse un touchant et incisif portrait biographique de Mireille Balin (1909-1968), actrice star des années 30 au destin tragique.
Mireille Balin a tourné avec les plus grands de son époque comme Jean Gabin dans Pépé le Moko et Gueule d'Amour, mais aussi avec Erich von Stroheim sur Menaces et Macao, l'enfer du jeu. Spécialiste de l'histoire du cinéma français, Philippe Durant nous retrace sur près de 250 pages cet étonnant destin cinématographique, celui d'une jeune femme d'origine modeste et sans goût pour les mondanitésdevenir une des figures clés féminines de ce cinéma français, aujourd'hui canonisé à la fois pour son parfum glamour hollywoodien et son réalisme populaire et poétique.C'est lors d’un défilé qu' elle fut remarquée par le grand cinéaste allemand Georg Wilhelm Pabst, qui venait de faire avec Louise Brooks Loulou et Le Journal d’une fille perdue. C’est en 1932, dans le Don Quichotte de Pabst, que Mireille Balin apparut pour la première fois à l’écran, dans le rôle modeste de la jeune nièce du héros. Dans cette intéressante biographie Philippe Durant nous brosse le portrait d'une actrice ambivalente, écartelée entre sa nature farouche et directe et son environnement glamour.
Cette vie privée, qui se confond avec l'univers du cinéma, l'auteur nous la raconte, à la fois soucieux de remettre l'actrice dans un contexte historique et chronologique mais aussi désireux de raconter Mireille Balin sous l'angle plus personnel de la femme qu'elle a été. Elle eut entre autres des liaisons avec l'acteur Jean Gabin et le chanteur Tino Rossi. Pas intéressée pour poursuivre une carrière aux Etats-Unis elle fait en 1938 ce constat désabusé sur le gratin hollywoodien : « J'ai le sentiment très net qu'en dépit de leur vie brillante et de toute la gloire qui les environne, les grandes stars sont presque toutes malheureuses. J'ai quelques peines d'exprimer par des mots cette impression, mais on dirait qu'elles poursuivent, sans jamais l'atteindre, quelque chose qui leur manque essentiellement. Peut être le bonheur ?» (page 115).
Ironie tragique du destin, Mireille Balin retournera en France pour le pire. En septembre 1944, elle fut arrêtée par les FFI. Elle sera battue et violée puis incarcérée à Nice. Devant le tribunal, on lui reprochera sa liaison avec un officier allemand et sa participation aux galas artistiques de l’ambassade d’Allemagne à Paris. Elle ne sera libérée qu’en janvier 1945. Philippe Durant analyse finement cette dernière partie de la vie de Mireille Balin.
L'une des dernières photos de Mireille Balin, ombre lointaine d'une star d'autrefois
Meurtrie dans sa chair et son esprit, l'actrice, contrairement à Arletty, arrêtera définitivement le cinéma après un dernier film, La Dernière Chevauchée (1947) de Léon Mathot. Malade, ruinée, prématurément vieillie par la drogue et l'alcool, elle meurt le 8 novembre 1968 dans un hôpital de Clichy.
Philippe Durant, L'étoile sombre - L'égérie sacrifiée de la mode et du cinéma, broché, grand format, éditions La Manufacture de livres, 272 pages, 2022
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