Dans
Le crépuscule des cinémas Simon Edelstein rend hommage aux aventureux navires du 7e art à travers un passionnant voyage photographique captant l’architecture de façades et salles anciennes.
Véritable archéologue
Simon Edelstein s’est déplacé dans plus de 30 pays (Europe, Asie, Afrique, Amérique du Nord). Fruit de cette longue enquête aussi belle qu'instructive et ludique
Le crépuscule des cinémas ressuscite le charme désuet et nostalgique de lieux magiques construits dans la première moitié du XXe siècle et marqués pour la plupart par l'influence Art déco. Dans ces endroits délabrés, reconvertis ou abandonnés, le photographe a su capter toute la singularité de leurs espaces et ornements : vaste entrée, guichet rétro, couloir serpentin, enseigne aux typographies excentriques, salle au parfum théâtral…
© Simon Edelstein
Blairgowrie - Ecosse - Picture House - 2007
D’une certaine façon ces magnifiques photos produisent la même flottante impression que les affiches lacérées du peintre
Jacques Villeglé. A travers la beauté surannée de ces anciens cinémas elles nous rappellent à la fois l'aspect éphémère du temps mais aussi la permanence et la vitalité de ces étranges lieux de mémoire. Ce Beau Livre constitue aussi aussi un fort document historique et social car l’auteur nous fait découvrir visuellement les multiples reconversions de ce curieux endroits, quand ces derniers ne sont pas tout simplement purement démolis comme nous le montre la photo du majestueux Cinéma Paris de Barcelogne, remplacé en 2007 par un magasin Zara.
© Simon Edelstein
Worcester - Angleterre - Northwick - 2018
Certaines reconversions se révèlent surprenantes. Ainsi, bon nombre de cinémas - notamment en Angleterre et aux Etats-Unis - ont été reconvertis en bingos. Aux USA également plus de 500 salles de spectacle ont été transformées en églises de toutes sortes accueillant toujours plus de fidèles. En feuilletant
Le crépuscule des cinémas l’on découvre aussi que de très nombreux cinémas ont été reconvertis en magasins de tout genre : librairies, dépôts-ventes, restaurants, et même parkings, sex-shops, lieux d’habitation et de squat, notamment en Inde. Les belles cathédrales hollywoodiennes aux noms claquants et aux façades illuminées de néons rutilants n’ont pas encore tout à fait disparu.
© Simon Edelstein
Vicenza - Italie - Corso - 2016
L’auteur du livre a même retrouvé - en Suède et aux Etats-Unis - de vibrants témoignages de cette modernité triomphante des années 20. Avec leur atmosphère fin de monde les anciens cinémas indiens Art déco offrent un autre style par leur environnement peuplé d’animaux exotiques, de végétation erratique et d’étals disparates de commerce. Comme l’écrit
Simon Edelstein, soulignant l'omniprésence aventureuse de bon nombre d'anciens temples du 7e art :
Parfois des cinémas abandonnés se fondent dans le paysage urbain. Avec le temps, leurs façades s’effacent lentement mais sûrement. Ni les pouvoirs publics, ni les promoteurs immobiliers ne semblent les remarquer. Ils subsistent, ignorés par tous, comme des vestiges invisibles d’une civilisation oubliée (page 80).
Le crépuscule des cinémas, une enquête photographique de
Simon Edelstein, préface de
Francis Lacloche, éditions Jonglez, Beau-Livre relié, grand format, 286 pages, 2020
© Simon Edelstein
Chittagong - Bangladesh - Almas - 2012
A lire :
Chloé Folens, Les métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot, éditions Vendémiaire, collection « Cinéma », 304 pages + 32 pages d’illustration, 2017
Marianne Gray,
Jeanne Moreau - Le tourbillon d’une vie 1928-2017, traduit de l’anglais par
Odile Demange, éditions nouveau monde, collection « Cinéma », édition définitive, 320 pages, 2017
Claire Micallef,
Marcello Mastroianni, le latin lover au miroir déformant de sa filmographie, éditions Aedon, La Septième Obsession, collection « Icones », 132 pages, 2016
Christophe Champclaux et
Linda Tahir Meriau, Le Film noir, éditions Le Courrier du Livre, collection « Ciné Vintage », préface de
Jean-Claude Missiaen, 176 pages illustrées en couleur, Livre + DVD, 2015
Gwénaëlle Le Gras, Michel Simon, L’Art de la disgrâce, Scope Editions, collection « Jeux d’Acteurs», 128 pages, 2010
Jean-Philippe Guerand,
Bernard Blier, un homme façon puzzle, éditions Robert Laffont, 583 pages, 2009
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