Coloriste virtuose et considéré comme l'un des chefs de file de l'école neuchâteloise à partir des années 1910, Louis de Meuron (1868-1949) s'inscrit dans le prolongement de l'impressionnisme. Dans l'ouvrage Louis de Meuron 1868-1949 : retour à l'impressionnisme l'historienne d'art Pamela Corvalan analyse l'oeuvre de cette personnalité majeure. Richement illustré, ce livre s'inscrit dans la volonté de réhabiliter un peintre suisse d'importance régionale et nationale.
Louis de Meuron, Oliviers et coquelicots à Sanary-sur-Mer,
78,5 x 92 cm. Collection privée, Neuchâtel.
Louis de Meuron, Autoportrait, 1920, huile et détrempe sur toile,
57 x 54 cm. Musée d'art et d'histoire de Neuchâtel.
Don de Willy Russ en 1953. N° . Inv. AP 1388.
Formé à Paris, Louis de Meuron a été un peintre particulièrement productif, exposant très régulièrement en Suisse et à l'étranger. La lumière du Sud de la France l'a aussi fortement influencé, au point de s'établir en été à Sanary-sur-Mer à partir des années 1920. Marqué notamment par Cézanne et Renoir, il se spécialise dans le portrait d'enfant et le paysage. Avec sensibilité et un sens de l'esthétique il met en scène des sujets poétiques, oscillant entre impressionnisme, fauvisme et symbolisme.
Louis de Meuron, Mère et enfant, 1916, huile et détrempe sur toile,
74 x 58 cm. Musée d'art et d'histoire de Neuchâtel.
(Grand coloriste, il a banni le noir de ses tableaux.) Il ya dans cette oeuvre quelque chose à la fois de délicat et de flottant (sans être mièvre) comme si le peintre cherchait avant tout à célébrer la « beauté sur la terre ». Les analyses fines de Pamela Corvalan abordent à la fois la singularité de l'oeuvre et le contexte dans lequel Louis de Meuron a évolué.
Louis de Meuron, Nature morte aux pommes, 1919, huile sur toile,
55.2 x 46 cm. Collection Nagy.
C'est en tout cas un univers pictural qui invite à à la méditation ou à la rêverie. Et à travers cette palette, essentiellement claire et lumineuse se profile les motifs privilégiés de l'artiste : fleurs, fruits, lacs, rivages, arbres fleuris, bébés joufflus... Curieusement, cette atmosphère poétique et figée rappelle celle indécise et raffinée de deux grands peintre français restés confidentiels : Jean Puy (1876-1950) et Albert André (1869-1954). Elle peut aussi évoquer celle des plus grands impressionnistes et Nabis.
Louis de Meuron, Le Tambour (Henri), 1910, huile sur toile,
80 x 70 cm. Collection privée.
Dépôt de la Fondation Maison Borel en 2009. N°. Inv. AP 2029-12 (d).
A propos de cette signature picturale si particulière serpentant entre impressionnisme, fauvisme et symbolisme Pamela Corvalan note : « Les natures mortes, les portraits, les paysages et les compositions transposent une atmosphère veloutée rappelant les oeuvres de Jean Siméon Chardin (1699-1779), d'Auguste Renoir (1841-1919) et de Maurice Denis (1870-1943), des peintres qu'il admire. » (page 60). Dans le livre l'autrice signale que « les compositions de Louis de Meuron sont des oeuvres généralement de grand format et dont la disposition et l'interaction entre les personnages et l'environnement ont été particulièrement travaillées. » (page 121).
Atelier de Louis de Meuron en 2023, Marin.
En 1948, à l'occasion des 80 ans de Louis de Meuron, le critique d'art Léon Perrin écrivit à propos de cet artiste intimiste et visionnaire : « Le plus peintre des peintres neuchâtelois nous a révélé, il y a longtemps, la douceur de notre terre en même temps qu'il nous révélait ce que doit être la peinture. On a dit de cette peinture qu'elle était la douceur, la nuance, etc.; je la trouve forte et virile. La force et la douceur réunies. »
Pamela Corvalan, Louis de Meuron 1868-1949 : retour à l'impressionnisme, Beau Livre/Art, éditions Château & Attinger, 224 pages, 2023
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