Spécialiste de l'histoire contemporaine et auteur de nombreux ouvrages sur la Bretagne et les Pays de la Loire, Christophe Belser nous convie dans son livre Peintres & Couleurs de Nantes à une étonnante promenade picturale à travers les siècles. Que ce soit par sa proximité avec la Loire (et ses paysages verdoyants), sa richesse patrimoniale [avec en Best Of son fameux château des Ducs, son imposante cathédrale Saint-Pierre (hélas ravagée par un incendie en juillet 2020 !) et son nostalgique passage Pommeraye], Nantes a toujours fasciné les artistes. Le plus célèbre d'entre eux, est sans doute William Turner (1775-1851) qui, en 1826, croqua la ville, dont la Loire depuis le quai Duguay-Trouin.
L'on citera également William Parrott, inspiré par le port de Nantes et l'Hollandais Willem Schellinks, qui réalisa de nombreuses aquarelles de la ville. Rappelons au passage le Français Léon-Auguste Asselineau, dont les dessins sont intégrés à la « Galerie armoricaine », publiée entre 1844 et 1846 par des éditeurs nantais et consacrée aux costumes bretons. Certains tableaux - comme celui de Jean-Baptiste Lecoeur (1795-1838), intitulé Le cours Saint-Pierre à Nantes - nous rappellent la vogue au XVIIIe siècle des cours majestueux, plantés d'arbres et bordés d'immeubles bourgeois et d'hôtels particuliers.
Bien conçu - avec un index des artistes à la fin de l'ouvrage - et doté d'une riche iconographie cet ouvrage nous plonge aussi dans l'histoire trépidante des quartiers de la capitale de la Bretagne. Peintres & Couleurs de Nantes explore ce très riche passé, qui englobe aussi le tissu industriel, les commerces, l'aventure publicitaire ou encore les fêtes et loisirs. La myriade d'établissements industriels de Nantes et ses environs a visiblement inspiré bon nombre de peintres des XIXe-XXe siècles. En effet, ces derniers furent inspirés par les chantiers navals, les usines mécaniques, les conserveries ou encore les raffineries de sucre.
Parmi ces tableaux, un seul pourrait résumer l'étrange fascination de ces artistes pour ce glorieux passé industriel que l'on devine un peu oppressant à travers ces toiles. Intitulé simplement Les usines, daté de 1902 et signé par un certain Jean-Emile Laboureur (1877-1943), il représente un homme assis de dos, l'air songeur, contemplant les vastes fumées d'un ciel livide. Mais le Nantes des peintres, c'est aussi une certaine insouciance du vivre se reflétant dans des couleurs à la fois vives et pimpantes comme dans certains thèmes intimistes illustrés par l'image publicitaire Biscuits LU Lefevre de Georges Romanet ou celle élégante et mondaine, intitulée Le café « La Cigale » à Nantes d'Emile Pescher.
Nantes a souvent été aussi célébrée comme ville « sportive » En tout cas, Peintres & Couleurs de Nantes nous le rappelle à travers Les courses du Petit-Port (1939) de Jacques Philippe, tableau coloré et plein de rythme alliant à la fois sensation de vitesse et raffinement du paysage. A travers toute cette grande variété d'artistes qui ont célébré la ville, Peintres & Couleurs de Nantes constitue un témoignage artistique fort voire méconnu ainsi qu'un éclatant hommage à l'environnement urbain et à sa population!
Christophe Belser, Peintres & Couleurs de Nantes, Le Papillon Rouge Editeur, 188 pages - 200 tableaux, 2021
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