Maison dite villa Strniste par Roger Le Flanchec (1936), l'Ile Grande
première réalisation de l'architecte à l’âge de 21 ans,
du nom de son propriétaire, exploitant des carrières de granit de l’île
appartement de la Résidence Hélios, Trébeurden, 1950-1962
Roger Le Flanchec (1915-1986)
photo prise à Trébeurden vers 1945-50
Inconnu du grand public et peu connu des historiens, Roger Le Flanchec est un des architectes bretons les plus originaux de la seconde moitié du XXe siècle.
Inspiré à la fois par le graphisme celtique et grande figure du modernisme comme Le Corbusier [sa résidence Hélios à Trébeurden (1950-62)], Le Flanchec essaie de faire une synthèse de tous les arts plastiques, intégrant à travers ses manoirs futuristes son architecture dans le paysage breton, tout en expérimentant un travail sur les couleurs et les nouveaux matériaux.
Résidence Hélios, Trébeurden, 1950-1962
vue générale
Maison Orain, Lannion, 1954-1965
Réputée pour sa forme singulière et son architecture moderne, la maison réalisée par Roger Le Flanchec à Lannion, conserve toute son originalité, 65 ans après sa construction. Avant de rencontrer Roger Le Flanchec, Marie-Jo et Emile Orain, ont-ils rêvé de confier la construction de leur maison à Le Corbusier ? Par pudeur, ce couple charmant n’en fera pas la confidence tant il goûte toujours au plaisir de vivre dans cette habitation si singulière. Au détour des années 50, ces amateurs d’architecture moderne ont en tête un projet de construction sur un terrain exceptionnel, à Brélévenez, un belvédère au-dessus de la baie de Lannion. Tout imprégnés des lumières de la chapelle de Ronchamp et des grands principes de la charte d’Athènes, ils savent ce qu’ils veulent : une maison d’architecte, sur pilotis, très vitrée, avec une vaste salle de vie pour accueillir leurs nombreuses réunions associatives. Mais l’époque est plutôt au style régionaliste néo-breton… Un ami leur présente néanmoins un architecte du cru : Roger Le Flanchec. Celui-là même qui va défrayer la chronique quelques années plus tard en signant l’immeuble Hélios, une cité radieuse à Trébeurden, et des « manoirs » futuriste. « C’était un original. Une forte personnalité. Partant des grandes lignes du programme, il nous a proposé cette construction en forme de haricot, surélevée, entièrement ouverte côté mer », se souvient Marie-Jo. La maison initiale – avant extension-, est implantée en limite de propriété, dans la largeur de la parcelle, orientée sud-est, face à la mer.
Architecture navale : le plan décrit réellement une forme organique allongée qui s’appuie sur un mur maçonné et surmontée d’une cheminée inspirée de celle des paquebots. Côté nord-ouest, cette façade en granit, opaque, fait référence à la tradition bretonne. L’autre, côté sud, sur pilotis, s’ouvre sur le jardin et la vue. Le projet met en œuvre le principe du plan libre et de la façade rideau, libérée par des poteaux porteurs, de ses contraintes de charges. A l’intérieur, le plan s’enroule autour d’un noyau central. Ce volume « servant » fermé autour duquel on circule librement, est organisé en trois séquences : la cuisine laboratoire très compacte, inspirée de celle de Charlotte Perriand s’ouvre et se referme comme un placard, dans la pièce de vie. De chaque côté du noyau central, viennent se loger les lits superposés des enfants, telles des couchettes de bateau. Enfin, la salle d’eau attenante à la chambre des parents située à l’opposé du salon. La famille Orain et ses enfants a vécu « un peu à l’étroit dans ce haricot primitif durant dix ans », avoue Marie-Jo. Avant de confier, une décennie plus tard, la réalisation d’une extension à un maître d’oeuvre. Sans pour autant approuver l’idée d’ajouter un appendice au haricot, Le Flanchec a toutefois validé ce travail bien intégré. Le rez-de-chaussée préau a été fermé et transformé en salon. Alors qu’un volume rapporté en R+1 a été “greffé” avec délicatesse au bâti initial pour créer des chambres supplémentaires. Depuis, la maison coule des jours paisibles. Toujours dans son jus, elle n’a pas pris la moindre de rides…
Anne-Elisabeth Bertucci
source : article La maison haricot, une icône du modernisme à Lannion,
in site Le Café Archi, 17 juillet 2014
Maison Kerautem, dite manoir de Lesenor, Locquenolé, 1965-1966
Maison construite de 1965 à 1966 par l'architecte Roger Le Flanchec pour une famille d'aristocrates qui désirait un « manoir futuriste ». Édifiée dans une ancienne carrière, qui conditionne toute sa conception, la maison Kerautem s'étire en longueur contre la paroi rocheuse et finit par ressembler à «une sorte de dolmen aérodynamique». L'architecture reflète l'admiration que Le Flanchec portait à Le Corbusier : plan libre, murs ondoyants utilisant systématiquement la courbe, toit-terrasse hérissé de canons de lumière.
La maison Quéré a été construite de 1969 à 1973 pour Monsieur Théo Quéré par l'architecte Roger Le Flanchec. L'édifice témoigne des facultés inventives de l'architecte et de son souci d'adapter l'architecture au milieu local. Le plan, de forme circulaire, et le profil conique naissent de l'exigence de défendre la maison des vents violents qui battent la côte sur laquelle elle se dresse. Le profil des parois, avec ses nervures créées par la succession de « pilastres » incurvés, permet de canaliser les flux d'air.
Maison Le Bras, Baden, 1968-1972
Maison Quéré, Ploumoguer, 1969-1973
Roger Le Flanchec (1915-1986), architecte breton original et solitaire, conçoit une architecture étonnante aux lignes futuristes, puisant aux multiples sources de l'architecture contemporaine internationale. La maison Quéré, avec son hyperboloïde tronqué, rappelle les réalisations de Niemeyer. L'architecte reprend ici l'idée de ses «maisons-cratères», avec leur patio central. La forme adopte celle des châteaux édifiés sur le pont des navires, et les parois nervurées sont capables de résister aux vents. Le Flanchec édifie la maison Kerautem dans une ancienne carrière, accolée à la paroi rocheuse, en forme de «dolmen aérodynamique». Cette «demeure de l'aristocrate moderne», avec ses références au Ronchamp de Le Corbusier constitue l'oeuvre la plus aboutie de l'architecte. Ces édifices du Finistère ont été récemment protégés dans le cadre d'une campagne régionale sur l'architecture du XXe siècle.
source : article Les manoirs futuristes du gentleman insoumis Roger Le Flanchec, institut français d’architecture
Maison Strniste, l'Ile Grande, 1936
Roger Le Flanchec est né le 26 novembre 1915 à Guingamp et décède en 1986 à Trébeurden.
Son père étant mort au combat, il est élevé par ses grands-parents maternels tous deux instituteurs. Il hérite, à sa majorité, de la fortune de son grand père paternel, navigateur de commerce. Cette aisance matérielle lui permetra tout au long de sa vie de cultiver son originalité et sa marginalité. C'est un autodidacte. Après un court passage à l'École des beaux-arts de Rennes en 1931-1932, il fait la place chez Jean Fauny, architecte départemental à Saint-Brieuc, chez qui il reste jusqu'en 1936. Le style de ce premier maître hésite, par concession au milieu, entre un régionalisme de type anglo-normand et une expression plus moderne inspirée de l'Art Déco. Roger Le Flanchec s'établit à Trébeurden (Côtes-d'Armor) en 1937. Il construit notamment la maison Strniste à l'Île Grande (1936-1937), dont le style régionaliste laisse transparaître l'influence de Jean Fauny. Cette influence se fait encore sentir dans l'hôtel Perrier que Le Flanchec construit à Trébeurden en 1947 Après la coupure de la guerre, il s'inscrit à l'Ordre des architectes en 1947. Il participe alors au concours lancé pour la reconstruction de l'église Saint-Louis de Brest (1949). Voulant symboliser l'unité de l'église, son projet consiste en une sphère de verre de 50 m de diamètre surmontée d'une flèche pyramidale - en verre également - de 150 m de hauteur. En 1950-1952, il élabore un projet pour une auberge de jeunesse à l'Ile-Grande : grand porte-à-faux de béton posé sur un socle de rochers, à la silhouette de cachalot. Avec le projet de la maison de Roger Beauvir à Larmor-Plage (1954-1955), il reprend le thème du bivalve et le principe du plan libre déjà tenté pour l'auberge de jeunesse pré-citée. Profondément anti-académique, marginalisé par la profession, constamment en butte à l'administration, il n'obtient avec de tels projets que peu de permis de construire. Sur quelques trois cents études menées par Roger Le Flanchec, on ne compte guère qu'une vingtaine de réalisations, la plupart de ses commandes émanant du secteur privé. Très cultivé, il tire son inspiration de quatre sources fondamentales : l'œuvre de Le Corbusier (il rend un hommage particulier à ce dernier avec la résidence Hélios à Trébeurden, sorte de demi-unité d'habitation construite en 1950-1952), celle de Frank Lloyd Wright, la mythologie celtique, la faune et la flore marine. A la recherche d'une synthèse des arts, cet architecte, pionnier en la matière, tente souvent de prolonger ses recherches par un travail plastique, incluant les extérieurs, comme en témoignent ses propositions de dalles de schistes en carapace pour les maisons Pouliquen à Telgruc (1957), son étude pour les couleurs de les maisons Beauvir, Le Calvez à Perros-Guirec et Trehony à Bénodet (1958).
source : Cité de l’architecture et du patrimoine
source : Cité de l’architecture et du patrimoine
Merci mille fois !
RépondreSupprimerMerci bel article
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