Avec From Dreams To Dust (12 titres) la formation américaine The Felice Brothers propose un nouvel opus brillant et nostalgique, orienté vers les saveurs de l'americana. Originaires des Catskills (nord de l’Etat de New York), les frères Ian (chant, guitare) et James Felice (multi-instrumentiste) ont créé The Felice Brothers en 2005. L'année suivante, la formation sortait un deuxième opus remarqué [Through These Reins and Gone] aux compositions aventureuses et folky. From Dreams To Dust est leur 8e opus et, juste deux ans après Undress (2019), ce disque confirme l'excellence de la formule musicale de ce groupe un peu à part.
Le timbre insomniaque de Ian Felice rappelle par moments Tom Waits, Bob Dylan ou même le Lou Reed de la période New York. Il chante sur From Dreams To Dust des textes drôles et délicieusement alambiqués dans un environnement musical lorgnant paresseusement sur les terres chaudes du blues, de la country et du folk rock. Le disque est imprégné par des mélodies ciselées et par un sens de la la dérision. Et les personnages les plus hétéroclites parcourent les chansons. L'on y trouve Marcel Proust, John Wayne, Saint-François d'Assises, Kurt Kobain, AC-DC et même Jean-Claude Van Damme ! « Jazz on the Autoban », le 1er titre, donne le ton général de l'opus. Rythmé et nostalgique, le morceau est ponctué par le tempo americana, des touches fantomatiques de piano et les envolées brumeuses du trompettiste Nathaniel Walcott. Cette formule musicale rafraîchissante continue avec l'excellent « To-Do List » où dans un exercice humoristique d'introspection le chanteur s'amuse en spoken word : « M. Felice, 1,80 m, 45 kg, dents molles, manque de sommeil, étudiant sous la moyenne. Propriétaire de deux costumes mal ajustés, porteur de vêtements usagés, souvent tiède et renfermé, peignoir souvent mal attaché » (Mr Felice, six-foot-tall, a hundred and forty-eight pounds, soft teeth, sleep-deprived, below-average student. Owner of two ill-fitting suits, wearer of hand-me-downs, often lukewarm and withdrawn, bathrobe often loosely tied). Dans « Be at Rest », loufoque éloge funèbre, le défunt héros aurait été coincé deux mois dans une toile de Brueghel l’Ancien ! Comme à l'habitude les ballades sont élaborées comme sur « We Shall Live Again ». Dernière l'apparente nonchalance de ce morceau aux relents dylaniens perce l'influence folk glam d'un Mott The Hoople.Et « We Shall Live Again » a la même saveur, à la fois poétique et élégante, que « Ballad Of Mott » ou « I Wish Was Your Mother » du groupe emblématique de Ian Hunter. Quant à « Blow Him Apart », avec son jazz lent et reptilien, c'est un titre tout en brosses douces et en guitare country, rappelant un peu Dylan dans sa période de résurgence post-1997. Au final, par son style musical affirmé et ses textes amusants From Dreams To Dust se profile une belle découverte !
The Felice Brothers, From Dreams To Dust, Yep Roc Records, USA, 2021
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