lundi 25 janvier 2016

La Cerisaie



Poursuivant son exploration de l’œuvre d’Anton Tchekhov (1860-1904), Christian Benedetti propose - après La Mouette, Oncle Vania et Trois Sœurs - La Cerisaie, que l’on peut voir pour l’occasion au Théâtre du Soleil.

Ecrite en 1903, La Cerisaie est un peu le chant du cygne du célèbre dramaturge russe, qui, tuberculeux, devait décéder l’année suivante. La Cerisaie est une pièce emblématique : l’on y repère ce climat tchékhovien si caractéristique, dans lequel se croisent ennui métaphysique et appréhension des temps nouveaux. D’emblée, l’on est projetés dans le cercle étriqué et fantasque de petits hobereaux ruinés et oisifs ainsi que dans le monde prophétique de jeunes gens idéalistes qui veulent changer le monde.

photo © Roxane Kaperski La Cerisaie - Théâtre du Soleil

 La Cerisaie, c’est la maison refuge, reflet éternel de l’âme russe, avec ses domestiques corsetés et drôles, évoluant dans un univers de fête rurale (chant, danse, musique). Le lieu planté de cerisiers donne son nom à la pièce, résonnant comme une métaphore d’un monde en train de disparaître. L’histoire se profile sous des dehors simples : une femme ruinée (Lioubov Andreevna) revient dans une vieille maison familiale - après un séjour à l’étranger avec son amant - en compagnie de son frère (Leonid Andreevitch) et de sa fille (Ania). Elle refuse le projet de lotissement que lui propose le marchand Lopakhine. Pour exprimer les multiples petits déchirements mais aussi les  joies qui traversent les personnages de La Cerisaie, le metteur en scène fait le choix d’une comédie virevoltante, au rythme festif avec pour certains personnages, une diction très rapide.

photo © Roxane Kaperski La Cerisaie - Théâtre du Soleil

L’aspect intéressant de cette démarche théâtrale est sans doute de « reconsidérer » la mélancolie propre à La Cerisaie. (Tchekhov considérait sa pièce comme une comédie et critiquait vivement l’atmosphère de tristesse qui émanait de la mise en scène de Stanislavski). Le spectacle du Théâtre du Soleil offre indéniablement un ton moderne. Néanmoins, il dégage peu d’émotion. Les personnages semblent beaucoup trop sortir d’un vaudeville de Labiche. Et celui de Lioubov Andreevna finit par agacer avec ses outrances et son débit mécanique de pantin. Malgré ces réserves, le spectacle se profile efficace et convaincant.

durée : 1 h 30

La Cerisaie d’Anton Tchekhov
Mise en scène : Christian Benedetti

Lioubov Andreevna, Ranevskaïa - Brigitte BarilleyAnia, sa fille - Alix Riemer Varia, sa fille adoptive - Hélène Vivies ; Leonid Andreevitch, Gaev, son frère - Philippe Crubézy ; Iermolaï Alexeevitch, Lopakhine - Christian BenedettiPiotr Sergueevitch, Trofimov - Antoine Amblard ; Boris Borissovitch, Simeonov Pichtchik - Jean-Claude Bolle-Reddat ; Charlotta Ivanovna - Lise Quet Semione Panteleevitch, Epikhodov - Nicolas Buchoux Douniacha - Hélène Stadnicki ;       Firs - Jean-Pierre MoulinIacha - Christophe Carotenuto

Théâtre du Soleil
Cartoucherie de Vincennes - route du champ de manoeuvre
Paris 12e
horaires : du mercredi au vendredi à 20 h 30, les samedis et dimanches à 16 h

jusqu’au 14 février 2016

photo © Roxane Kaperski  La Cerisaie - Théâtre du Soleil

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