lundi 5 décembre 2011

Cézanne et Paris



Le titre de cette expo fort intéressante peut intriguer, car Cézanne a très peu peint Paris. En revanche, l’artiste chéri de la Provence – et Cézanne et Paris, riche d’environ 80 œuvres, fait bien ressortir cette particularité - a abondamment représenté les environs de la capitale. Les paysages des  bords de Seine, de Marne et d’Oise lui sont familiers. A Pontoise, Auvers, Créteil, Melun, Alfortville ou Fontainebleau, l’auteur de La Montagne Sainte-Victoire aime exercer son art, seul ou en compagnie de Pissaro et de Guillaumin, deux crèmes de l’impressionnisme.


Paul Cézanne
Poteries tasse et fruits sur une nappe blanche
Vers 1877
huile sur toile
60,6 x 73,7 cm
The Metropolitan Museum of Art
© The Metropolitan Museum of Art, Dist. Service presse Rmn-Grand Palais / image of the MMA

La flamboyante capitale,  – près de 400 tableaux sur les 954 du peintre ont été  exécutés à Paris, loin de ses racines provençales - se profile davantage comme un lieu, moteur puissant,  qui imprègne ses choix picturaux. « Il y a dans Paris un certain exotisme pour Cézanne », nous rappelle Denis Coutagne, président de la Société Paul Cézanne. Le peintre des baigneuses en plein air et des paysages oniriques bleutés fera d’incessants allers retours entre Aix et la région parisienne, explorant de nouvelles tonalités, formes et couleurs, offrant là  une production aussi étonnante que diversifiée.

Paul Cézanne
Les Toits de Paris
1881-1882
Huile sur toile
59,7 x 73
© Collection particulière


 L’expo Cézanne et Paris nous  fait donc pénétrer de plein oeil dans les climats qui imprègnent tout au cours de sa vie le précurseur des fauvistes et cubistes. Citons seulement trois tableaux reflétant cette diversité : Les Toits de Paris (1881-1882) à  l’ambiance toute naturaliste -  ode aux héros zingueurs de l’Assommoir (roman qu’il adore) de son ami Zola ? -, Poteries, tasse et fruits sur une nappe blanche (1877), une des nombreuses natures mortes de Cézanne sur fond de papier de mur peint aux relents cubistes et fantomatiques, qui nous renvoie à la fascination du peintre pour ce Chardin, dont il « croque » goulûment les fruits au Louvre.

Paul Cézanne
L'Eternel féminin ou Le Veau d'or
1877
Huile sur toile
43 x 53 cm
© The J. Paul Getty Museum, Los Angeles


   Quant à L’Eternel féminin ou Le Veau d’or (1877), plutôt baroque et un brin provocateur, il traduit certaines obsessions sexuelles du peintre, tout à fait contemporaines à situer entre l’Olympia (1863) de Manet et les poses langoureuses des Polynésiennes de Gauguin. Alors Paris, laboratoire d’un infatigable Cézanne qui y expérimente ses recettes picturales ?  Sans doute. Denis Coutagne a la formule définitive :
 « Cézanne vient à Paris, se confronte à la modernité, à la ville, il trouve des formules, les dépasse, et revient en Provence pour les faire aboutir. »


Expo Cézanne et Paris
12 octobre 2011 – 26 février 2012


Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard – 75006 Paris

de 9 h à 22 h du vendredi au lundi
de 10 h à 20 h du mardi au jeudi

Pendant les vacances scolaires tous les jours de 9 h à 22 h

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