Au Théâtre Darius Milhaud (Paris 19e) l'on peut redécouvrir Le Journal d'une femme de chambre de Octave Mirbeau dans une mise en scène de Vincent Auvet. Eliane Kherris nous invite à découvrir ce texte ambigu, caustique et superbe dans un jeu à la fois étonnant et simple se faufilant entre naturalisme noir et thriller psychologique.
Adaptation d’un roman majeur d’Octave Mirbeau (1848-1917), Le Journal d’une femme de chambre, mis en scène de façon efficace et sobre par Vincent Auvet, dévoile les turpitudes et injustices entourant la condition de femme de chambre au XIXe siècle.
Avec grand talent la comédienne Eliane Kherris y interprète la soubrette Célestine et les autres personnages de cette tyrannique saga domestique. Comme son contemporain Zola, Mirbeau fut à son époque un écrivain férocement anticonformiste. Partageant le même goût acide pour le naturalisme noir de l’auteur de L’Assommoir, Mirbeau dénonçait dans ses livres l’hypocrisie des conventions bourgeoises et particulièrement dans Le Journal d’une femme de chambre le fétichisme et la vantardise des notables, mettant en avant leur caractère ridicule et leur cruauté d’âme envers les domestiques.
Dans un environnement scénique sobre, juste encombré d'un placard, d'un poêle, d'une table à bougeoir et d'un lit surmonté d'une grande croix, Célestine, maîtres et domestiques prennent chair au fil du jeu spontané et suggestif de la comédienne Eliane Kherris. Elle se fait la porte-parole de Célestine, femme de condition modeste et au passé douloureux portée à la fois par des sentiments contradictoires de révolte et de soumission. Davantage, elle se faufile en pleine et dérisoire humanité à travers une galerie de personnages odieux, comiques, attachants ou ignobles formant la pessimiste trame humaine du Journal.
Fidèle à l’esprit sexué du roman, la fine et réaliste mise en scène d'Auvet laisse refléter l’ambivalence du caractère de Célestine à travers ses tendances masochistes et ses accès de rébellion. Au final, cette adaptation du Journal d’une femme de chambre est l’occasion de voir un beau jeu théâtral de comédienne et de redécouvrir toute la modernité du roman de Mirbeau. Egalement, ce texte peut être mis en parallèle avec L'Ile des esclaves de Marivaux et Les Bonnes de Genet mais aussi plus près de nous vers certaines formes d'esclavage moderne comme il en existe au Moyen Orient, en Afrique et ailleurs.
durée : 1 h 15
Le Journal d'une femme de chambre, de Octave Mirbeau
Mise en scène : Vincent Auvet
Interprète : Eliane Kherris
Reprise
Mise en scène : Vincent Auvet
Interprète : Eliane Kherris
Reprise
Théâtre Darius Milhaud
(salle 2 : Au P’tit Milhaud)
(salle 2 : Au P’tit Milhaud)
80, allée Darius Milhaud
Paris 19e
horaires : les samedis à 15 h du 9 octobre jusqu'au 9 novembre et les mardis à 19 h du 12 novembre au 17 décembre 2024
jusqu'au 17 décembre 2024
à partir du 9 octobre
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