Maître du polar nordique - social, psychologique et sans hémoglobine - Arnaldur Indridason nous convie dans Les Nuits de Reykjavik à travers les bas-fonds de la capitale islandaise. Nous proposant une histoire captivante autour du mystère de la mort d’un clochard (Hannibal), il en fait l’objet de la nouvelle enquête de l’inspecteur Erlendur…
[…] Quelque chose l’obsédait dans le destin poignant de cet homme. Certes, il s’interrogeait sur sa fin tragique, mais aussi sur cette force qui l’avait irrémédiablement poussé à se placer en retrait de la société humaine. D’où provenait ce besoin ? Où plongeait-il ses racines ? Erlendur était saisi par cette solitude et cette détresse, mais il y avait quelque chose dans son existence immobile et figée qui le fascinait également […]
Comme les inspecteurs futés propres au Suédois Kjell Eriksson ou à la Finlandaise Leena Lehtolainen, Erlendur est le personnage emblématique de l’univers noir et romanesque d’Indridason. A la fois observateur, têtu et doué d’empathie, Erlendur parvient toujours à résoudre des énigmes policières compliquées sur fond de misère humaine et de réalisme social. Dans ces Nuits de Reykjavik (son 11e roman publié en France), l’on retrouve toute la subtilité narrative et la verve humaniste de l’auteur islandais. Ce16e roman d’Indridason s’avère la première enquête d’Erlendur jeune. L’inspecteur mène une recherche improbable dans cet univers de clochards et de filles de joie, qui évoluent entre mendicité, hébergement temporaire et frénésie alcoolique.
Inlassablement, Erlendur cherche à percer le secret de la mort de ce vagabond - qu’il connaissait un peu -, retrouvé noyé. Dans ce polar à la fois métaphysique et intimiste Indridason s’attache à décrire la tournure obsessionnelle que l’inspecteur entretient avec ce SDF décédé. La disparition d’une jeune femme (Oddny), dont le destin croise celui d’Hannibal, contribue au mystère de cette histoire qui décrit également Erlendur dans la crudité de sa vie de simple flic, parsemée d’accidents de voiture, de violences conjugales et de tapages nocturnes. A la fois très prenant par l’intrigue - simple mais efficace - et par la générosité du message, Les Nuits de Reykjavik - qui fait parfois songer à son excellent Vetrarborgin - [Hiver arctique (2005), éditions Métailié Noir] - s’avère un des meilleurs romans d’Indridason.
Bibliothèque nordique - Noir, 264 pages, 2015
A lire :
Traduit de l’allemand par Anne Weber
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
https://www.lemague.net/dyn/spip.php?article7598
Kim Young-ha, Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur ? Nouvelles traduites du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, éditions Philippe Picquier, 160 pages, 2011
http://blogdephaco.blogspot.com/2012/02/quest-devenu-lhomme-coince-dans.html#more
Traduit du néerlandais par Danielle Losman
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
Traduit de l’allemand par Anne Weber
Hella S. Haasse, Des nouvelles de la maison bleue, roman, éditions Actes Sud, collection « Babel », 183 pages, 2008
Traduit du néerlandais par Annie Kroon



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