lundi 27 avril 2015

Les Nuits de Reykjavik



Maître du polar nordique - social, psychologique et sans hémoglobine - Arnaldur Indridason nous convie dans Les Nuits de Reykjavik à travers les bas-fonds de la capitale islandaise. Nous proposant une histoire captivante autour du mystère de la mort d’un clochard (Hannibal), il en fait l’objet de la nouvelle enquête de l’inspecteur Erlendur


[…] Quelque chose l’obsédait dans le destin poignant de cet homme. Certes, il s’interrogeait sur sa fin tragique, mais aussi sur cette force qui l’avait irrémédiablement poussé à se placer en retrait de la société humaine. D’où provenait ce besoin ? Où plongeait-il ses racines ? Erlendur était saisi par cette solitude et cette détresse, mais il y avait quelque chose dans son existence immobile et figée qui le fascinait également […]

(Arnaldur Indridason, Les Nuits de Reykjavik - page 42) 


Arnaldur Indridason


Comme les inspecteurs futés propres au Suédois Kjell Eriksson ou à la Finlandaise Leena Lehtolainen, Erlendur est le personnage emblématique de l’univers noir et romanesque d’Indridason. A la fois observateur, têtu et doué d’empathie, Erlendur parvient toujours à résoudre des énigmes policières compliquées sur fond de misère humaine et de réalisme social. Dans ces Nuits de Reykjavik (son 11e roman publié en France), l’on retrouve toute la subtilité narrative et la verve humaniste de l’auteur islandais. Ce16e roman d’Indridason s’avère la première enquête d’Erlendur jeune. L’inspecteur mène une recherche improbable dans cet univers de clochards et de filles de joie, qui évoluent entre mendicité, hébergement temporaire et frénésie alcoolique.

Reykjavik by night

 Inlassablement, Erlendur cherche à percer le secret de la mort de ce vagabond - qu’il connaissait un peu -, retrouvé noyé. Dans ce polar à la fois métaphysique et intimiste Indridason s’attache à décrire la tournure obsessionnelle que l’inspecteur entretient avec ce SDF décédé. La disparition d’une jeune femme (Oddny), dont le destin croise celui d’Hannibal, contribue au mystère de cette histoire qui décrit également Erlendur dans la crudité de sa vie de simple flic, parsemée d’accidents de voiture, de violences conjugales et de tapages nocturnes. A la fois très prenant par l’intrigue - simple mais efficace - et par la générosité du message, Les Nuits de Reykjavik - qui fait parfois songer à son excellent Vetrarborgin - [Hiver arctique (2005), éditions Métailié Noir] - s’avère un des meilleurs romans d’Indridason.

Arnaldur Indridason, Les Nuits de Reykjavik, éditions Métailié,
Bibliothèque nordique - Noir, 264 pages, 2015
traduit  de l’islandais par Eric Boury

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire