
C’est par cette phrase a priori banale mais décisive que débute
Charlotte Isabel Hansen, un bon gros roman de près de 400 pages du populaire romancier norvégien Tore Renberg : Quand il franchit la double porte verte de son immeuble, ce samedi 6 septembre 1997, Jarle Klepp ignorait ce que ce jour représentait pour le monde.
Happés par une narration aussi attrayante que riche en rebondissements, nous pénétrons d’emblée dans l’insolite histoire de Jarle Klepp, héros comique involontaire. Le personnage principal est un buveur invétéré, noceur et cérébral - ne jurant que par Proust, Adorno et Derrida (!) –, installé pour ses longues études dans la nonchalante Bergen, fief intello de tous les jeunes gens cultivés de Norvège. Malicieusement, dès le premier chapitre, l’auteur prend un malin plaisir à mettre son héros de 24 ans, le jour même de l’enterrement de la princesse Diana, face à une situation inédite : la rencontre de Jarle avec Charlotte Isabel Hansen, sa fille de 7 ans. Ignorant tout du monde de l’enfance, ne se souvenant même plus du visage de la mère de sa fille (âgé de 16 ans, il était complètement bourré lors du rapport sexuel !), notre personnage va subir - au cours d’une semaine plutôt mouvementée – un intensif et ininterrompu speed dating sous l’œil scrutateur de Charlotte Isabel Hansen.
L'auteur de L'homme qui aimait Yngve nous conte donc par le menu ce baby-sitting forcé aux contours loufoques, nous entraînant dans une histoire à la fois puissamment drôle et enrobée d’une tendresse sans mièvrerie. Le romancier nordique a ce style qui fait mouche par sa simplicité jubilatoire et ses sous-entendus humoristiques. Ses nombreux personnages forment l’amusante galerie d’une Norvège provinciale un peu surannée : Anette Hansen, mère paumée ; Robert Goteborg, universitaire alcoolique et cérébral ; Hasse, étudiant borderline fantasque, reconverti en oncle ; Herman, malicieux commerçant vénézuélien ; Sara Klepp, mère digne ; Hardis Snartemo, étudiante féministe… Tout le sel de ce Charlotte Isabel Hansen repose sur la confrontation, parfois détonante, de ces personnages avec ce Jarle, un brin naïf, plongé dans un bouillonnement d’idées et de sentiments, ravivé de plus belle depuis son expérience de nouveau père. Charlotte Isabel Hansen peut-être perçu comme un roman sur la paternité, ou plutôt sur la peur qu’elle peut susciter. Roman à la fois ironique et primesautier, Charlotte Isabel Hansen est surtout un livre plein d’humour qui se moque sans méchanceté de jeunes gens très sérieux issus des milieux universitaires. Avec son style naturellement virevoltant et pas littéraire pour un sou, Tore Renberg nous offre là un roman classieux qui constitue une des surprises littéraires du domaine nordique.
Tore Renberg, Charlotte Isabel Hansen, roman traduit du norvégien par Carine Bruy, éditions Mercure de France, collection « Bibliothèque étrangère », 369 pages, 2011.
Bengt Ohlsson, Syster, roman , éditions Phébus, 288 pages, 2011
Traduit du suédois par Anne Karila
Kari Hotakainen, La part de l'homme, roman, éditions JC Lattès, 2011
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
https://www.lemague.net/dyn/spip.php?article7598
Kim Young-ha, Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur ? Nouvelles traduites du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, éditions Philippe Picquier, 160 pages,2011
http://blogdephaco.blogspot.com/2012/02/quest-devenu-lhomme-coince-dans.html#more
Erling Jepsen, L’Art de pleurer en chœur, roman, Sabine Wespieser éditeur, 312 pages, 2010
Traduit du danois par Caroline Berg
Margriet de Moor,
Une catastrophe naturelle, roman, éditions Libella - Maren Sell, 336 pages, 2010
Traduit du néerlandais par
Danielle Losman
Kjell Eriksson,
La princesse du Burundi, roman, éditions Gaïa, collection « Gaïa polar », 352 pages 2009
Traduit du suédois par Philippe Bouquet
Guadalupe Nettel,
Pétales et autres histoires embarrassantes, nouvelles, éditions Actes Sud, 144 pages, 2009
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Delphine Valentin
Arnaldur Indridason,
Hiver arctique, roman, éditions Métailié, collection « Bibliothèque nordique Noir, 335 pages, 2009
Traduit de l’islandais par Eric Boury
Leena Lehtolainen,
Un coeur de cuivre, roman, éditions Gaïa, 231 pages, 2009
Traduit du finnois par
Anne Colin du Terrail
Riikka Ala-Harja, Le Géant, roman, éditions Gaïa, collection « Catalogue général », 304 pages, 2009.
Traduit du finnois par Christian et Paula Nabais
Wilhelm Genazino,
Léger mal du pays, roman, Christian Bourgeois Editeur, 207 pages, 2008
Traduit de l’allemand par
Anne Weberhttps://www.lemague.net/dyn/spip.php?article5735
Camilla Läckberg,
La Princesse des glaces, roman, éditions Actes Sud, série « actes noirs », 382 pages, 2008
Hella S. Haasse, Des nouvelles de la maison bleue, roman, éditions Actes Sud, collection « Babel », 183 pages, 2008
Traduit du néerlandais par Annie Kroon
https://www.lemague.net/dyn/spip.php?article5730
Einar Mar Gudmundsson,
Le testament des gouttes de pluie, roman, éditions Gaïa, collection « Catalogue général », 249 pages, 2008
Traduit de l’islandais par Eric Boury
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire