5 ans après Threads, Sheryl Crow sort Evolution, un opus qui par sa production et sa qualité musicale s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses précédents succès.
C'est déjà le 11e opus de Sheryl Crow, icône de la musique américaine. Depuis près de trois décennies, la chanteuse du Missouri promène sa voix délicieusement bluesy sur des tempos pop, folk, rock et country. Autrice-compositrice et multi-instrumentiste, l'ancienne choriste - Michael Jackson, Joe Cocker, Rod Steward et Don Henley - a su imposer un style alerte et mélodique. Et depuis Tuesday Night Music Club (1993) dans lequel figurait le single « Leaving Las Vegas », elle se ballade subtilement entre climats pop FM et musique américaine aux puissantes racines. Produit par Mike Elizondo, le disque comprend neuf titres et séduit par son mélange, alternant entre chansons très rythmées (« Love life », « Broken record ») et morceaux plus lents et atmosphériques (« Evolution », «Waiting the wings »). Titre tonique et soft rock, « Alarm clock » a des accents stoniens. Le chant énergique et sensuel de Crow sur cette chanson n'est pas sans rappeler les accents glam-rock de Joan Jett sur « Crimson and Clover ». Quant à « Do it again », dont les parties vocales rappellent celles de Deborah Harry (Blondie), c'est un morceaux efficace et entraînant aux atmosphères folk et country-rock. « Love life », dont l'implacable crescendo guitare/batterie/claviers sonne très seventies, se révèle un excellent exercice de soul chaloupée dans laquelle l'Américaine place sa voix, quelque part entre Tamla Motown et Curtis Mayfield [chanteur et compositeur de soul, moins connu en France que Marvin Gaye].
Quant à « Evolution », qui traite de l'impact de l'intelligence artificielle sur la condition humaine, c'est une chanson qui instaure un climat plus méditatif. Porté par le chant et la guitare acoustique de Crow c'est un morceau un peu floydien dont les accents psychédéliques s'accordent à l'interrogation douloureuse et chargée d'espoir du texte :
We can create, we can destroy
We can feel pain, we can feel joy
We can plant seeds and watch love grow
We can feel pain, we can feel joy
We can plant seeds and watch love grow
We can feel love 'cause it's written in the humankind
Autres titres introspectifs, les ballades « Where ? » et « Don't walk away » peuvent rappeler, par l'orchestration fantomatique et leurs tonalités vocales brumeuses la Tori Amos de la période Scarlet's Walk /The Beekeeper. Quant à « Waiting the wings » au tempo West Coat, c'est une ballade accrocheuse lorgnant vers le folk et les harmonies californiennes chères à Poco et aux Eagles. Enfin, l'on signalera « Broken record », chanson simple aux rythmes vintage (percussions, claviers) rappelant la pop britannique, légère et élégante, des sixties (The Kinks, The Shadows) ou les Nouveaux Romantiques des eighties (Spandau Ballet, Culture Club). L'on signalera aussi la sympathique reprise de « Digging in the Dirt » (dans l'édition de luxe), chanson de 1992 de Peter Gabriel que Crow reprend avec l'ex-chanteur de Genesis, lui-même. Au final, l'on recommandera Evolution pour sa production impeccable et la variété de ses climats. Avec talent et authenticité Sheryl Crow s'inscrit dans une formule pop rock rafraîchissante et inusable !
Evolution, Sheryl Crow, Universal, The Valoy Music Group, USA, 2024
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