Au sein de la planète musicale Prog Nad Sylvan bénéficie d’une estime artistique bien méritée. Que ce soit en solo [Monumentata est son 5e CD] ou sous la forme de multiples collaborations au sein de formations emblématiques (Agents of Mercy, Unifaum, Roine Stolt, The Flower Kings) le Suédois se distingue avant tout par un éclectisme musical, qui en fait une sorte de Peter Gabriel du rock progressif des années 2000. Multi-instrumentiste chevronné, Sylvan se révèle par ailleurs un excellent chanteur au timbre chaud et lyrique, qui ne dédaigne pas de recourir à une certaine théâtralité dans des albums concept plutôt bien ficelés. Le sombre et flamboyant The Regal Bastard (2019) concluait la trilogie autour de l'histoire de The Vampirate. Avec Spiritus Mundi, Nad Sylvan proposait une rencontre avec l’œuvre romantique du poète William Butler Yates (1865-1939), célèbre poète et dramaturge irlandais. Comme à son habitude Sylvan s'est entouré pour Monumentata de brillants musiciens de la sphère prog, dont le guitariste Randy McStine, le batteur Marco Minnemann et le bassiste Tony Levin. Dans Monumentata Sylvan s'occupe du chant, des claviers et de la plupart des parties de guitare. A travers cette nouvelle brochette de 9 titres il nous propose un disque percutant aux couleurs prog et pop rock dans lequel se glissent de nombreux éléments autobiographiques comme sur Monumentata où il parle du vide laissé par la disparition de son père à moitié hongrois (tata signifie père) ou sur le somptueux et mélodique « Monte Carlo Priceless » où il évoque ses parents. Si l'on retrouve chez l'artiste britannique la même qualité d'arrangements que dans ses précédents opus, en revanche le propos musical de Monumentata se profile plus direct et plus simple avec aussi des influences prog bien visibles.
« That's Not Me » est sans doute un des titre les plus aboutis. https://youtu.be/5WyD5bIAHdA?feature=shared Syncopé, heavy et funk, le morceau aborde le thème du choc des cultures à travers un labyrinthique crescendo porté par une basse teigneuse et des claviers virevoltants. Ça rappelle un peu PFM (pionnier du rock progressif italien des seventies) mais aussi Asia, ELP, et le Yes (honni par certains !) de la période Drama (1979) - pour les pétaradantes envolées de claviers des ex Buggles Trevor Horn et Geoff Downes. Quant à « Make somebody proud » https://youtu.be/2BNH4bWBRgg?feature=shared c'est un titre classieux et groovy, orienté vers un jazz rock plombé et d'oniriques réminiscences à la Canterbury. Entre choeurs furtifs, climat léger et brisures instrumentales la chanson oscille subtilement entre Caravan, Herbie Hancock et Weather Report. Entre folk vintage et rock arty « Flowerland » https://youtu.be/c1aszbr4Gg0?feature=shared et « Monte Carlo Priceless » https://youtu.be/Wpjp2VINJP8?feature=shared sont deux titres à la finesse de dentelle, rappelant pour le premier à la fois Ian Hunter et Peter Gabriel et pour le second le climat nostalgique des premiers Roxy Music. S'étirant en longueur « Secret lovers » se révèle un peu redondant à l'écoute comme d'ailleurs le court « I'm stepping out ». Quant à Unkillable (en bonus track) Sylvan paraît mieux inspiré ailleurs. « Wildfire » se profile une intéressante chanson assez lunaire où le chanteur promène sa voix entre parties de guitare floydiennes et délicieuses touches de claviers. Propulsé par un rampant crescendo piano-guitare-batterie « Monumentata » https://youtu.be/m47aIQHvl3s?feature=shared est un puissant morceau méditatif, sans doute le plus personnel de l'auteur compositeur sur ce CD https://youtu.be/m-mQPvhwpJo?feature=shared. Au final avec Monumentata, Nad Sylvan nous propose un disque peut être plus inégal que les précédents mais qui abrite de vraies perles !
Nad Sylvan, Monumentata, Sony Music / Insideoutmusic, 2025
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