lundi 19 juin 2023

Expo Harry Gruyaert - La part des choses

 

Belgique, Bruxelles, Gare de Bruxelles-Midi, 1981
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

Au Bal (Paris18e) l'on peut découvrir l'oeuvre avant-gardiste du Belge Harry Gruyaert, photographe voyageur depuis plus de quarante ans, pionnier de la couleur et de l'agence Magnum. 


Né en 1941 à Anvers Harry Gruyaert n'a cessé pendant sa longue carrière de parcourir le monde pour immortaliser dans ses photographies la lumière et les couleurs particulières des lieux qu'il traverse. Ses fréquents voyages en Egypte, en Inde, au Maroc ou aux Etats-Unis comme reporter lui ont permis de perfectionner sa technique des paysages urbains, maritimes ou ruraux, produisant des images d'une éclatante beauté que rehausse encore sa maîtrise de la composition et du cadrage. 

Maroc, Ouazazate, 1986
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

Réunissant pour la première fois 80 tirages d'époque réalisés de 1974 à 1996 (selon le procédé Cibachrome, qui se distingue par la netteté de l'image),  l'intéressante expo du Bal nous  procure un  vibrant témoignage de la force expressive de ces photos magnifiées à la fois par la couleur et leur  pouvoir suggestif. Il y a dans le travail de Gruyaert, inspiré aussi bien par le cinéma de Michelangelo Antonioni que par la peinture classique flamande ou l'univers d'Edward Hopper un aspect à la fois pictural et cinématographique.

Irlande, Comté de Kerry, 1983
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

C'est sans doute une des raisons du mystère et de la puissance narrative entourant ces photos non retouchées : elles dégagent un sentiment de suspension, un peu comme si juste avant ou après il s'était passé quelque chose d'important, nous donnant le sentiment  que le photographe, éternel pêcheur ou chasseur d'images, était là au bon moment. Des artistes aussi différents que Cartier-Bresson, Doisneau, Eggleston, Meyerowitz  nous laissent aussi sur une semblable impression.

Belgique, Boom, 1988
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

Sans chichis, sans mise en scène,  la photographie du Belge, aujourd'hui âgé de 82 ans, pétrifie les lieux, jouant subtilement entre l'espace et son occupant, quelque part entre travail documentaire et réalisme magique. Comme l'écrit justement Richard Nonas : « Ce sont des images du monde qui s'enracine dans les objets de tous les jours et qui se dérobe à notre approche ».

Egypte, Al Qarnah, Vallée des Rois, 1987 
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

Bien que  la couleur de ses photos soit souvent éclatante elles évacuent le pittoresque et l'exotique, tout en insuflant une énergie à la fois sensuelle  et  formelle. Quant aux gens représentés, ils sont souvent photographiés de dos ou n'apparaissent que sous la forme parcellaire de parties du corps rappelant un peu l'approche ironique  et intimiste d'un Elliott Erwitt

URSS, Moscou, 1989
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

A travers ce lot de 80 tirages l'expo  Harry Gruyaert - La part des choses  nous promène donc à travers les nombreux pays visités par le photographe.  De l'Egypte nocturne des lieux de vie au raffinement sculptural de couleurs  éclatantes du Maroc, de la vision espiègle de petites villes belges provinciales aux grands espaces américains, Harry Gruyaert nous convie  à travers cette expo  à appréhender le monde sous sa forme la plus physique et la plus changeante.

Belgique, Anvers Carnaval, 1992
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

Comme le dit si bien l'artiste à propos de cet étrange acte  de procréation-fusion-célébration :   « Faire une photo, c’est à la fois chercher un contact et le refuser, être en même temps le plus là et le moins là ».

Expo Harry Gruyaert - La part des choses
Le Bal
6, Impasse de la Défense
Paris 18e
horaires : mercredi 12 h-20 h (nocturne), jeudi (12 h-19 h), vendredi, samedi, dimanche (12 h-19 h)
Fermeture le lundi et mardi

jusqu'au 24 septembre 2023


Etats-Unis, Banlieue de Las Vegas, 1982
© Harry Gruyaert/Magnum Photos

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