lundi 2 janvier 2023

La passagère


Avec La passagère Héloïse Pelloquet nous propose un film subtil à la fois décalé et dans l'air du temps avec pour thème l'adultère et les relations amoureuses.

Réalisatrice et monteuse   Héloïse Pelloquet est notamment l'auteure de courts métrages comme Côté-coeur (2018) et L'Age des sirènes (2016.)  La passagère  est son premier long métrage.Tourné sur l'île de Noirmoutier (Vendée), le film raconte une histoire d'adultère entre  une femme (Chiara), interprétée par Cécile de France et un jeune homme (Maxence) joué par Félix Lefebvre. 

La passagère

Le personnage Maxence est embauché comme apprenti dans l'entreprise de pêcherie d'Antoine, le mari de Chiara. Pour ce premier long métrage  Cécile de France  se profile  crédible dans un jeu de quadragénaire dynamique, les pieds bien sur terre, échappant au stéréotype du bovarysme contemporain (ou plutôt à l'hyperpsychologisation des personnages féminins à la mode !) ainsi qu'à sa variante, celle de la femme au foyer, adultère par ennui. Quant à Félix Lefebvre, il joue avec une aisance naturelle un rôle de jeune apprenti, découvrant en même temps le monde du travail version stage et celui des sentiments amoureux.

La passagère

Cette façon, à la fois détachée et presque naturaliste, de filmer la liberté de ses personnages contribue à donner  à  La passagère  un vrai style cinématographique.  Dans La passagère, le thème de l'adultère ne nous est  présenté ni comme la compensation d'une blessure intime secrète ni comme une réponse existentielle à un quelconque problème. Interprété par Grégoire Monsaingeon,   Antoine, le mari de Chiara,  n'a rien d'un tyran domestique et la vie de sa femme, malgré les cadences exigeantes de l'entreprise de pêcherie, nous est décrite jusqu'à l'arrivée de Maxence évoluant dans un climat harmonieux de bonheur paisible.

La passagère

Pour planter le décor de son film la réalisatrice n'a pas eu besoin de faire d'Antoine, la figure du mari,  un personnage antipathique et castrateur.  Elle nous montre, du début à la fin une relation en train de se faire ainsi qu'une aventure pleinement assumée - la fin du film,  que l'on ne dévoilera pas,  confirme d'ailleurs l'orientation du film plutôt féministe.  Tourné à Noirmoutier, La passagère restitue des images  de mer, de pluie et de vent tout en ayant un aspect documentaire par sa façon  de filmer le milieu de la pêche, caractérisé par des gestes précis et des horaires immuables de pêche en haute mer. 

La passagère

La touche réaliste du long métrage se profile d'autant plus perceptible que la réalisatrice a fait tourner des acteurs non professionnels trouvés parmi les habitants de Noirmoutier et des environs.  Très picturales, les scènes du mariage et de la pêche en mer peuvent parfois faire songer à un certain naturalisme scandinave.  A cette sensualité des décors naturels  (bateau,  pêche, milieu marin)  répond un style cinématographique très visuel exprimé à travers la façon directe qu'a Héloïse Pelloquet de nous montrer en gros plan les visages, les corps ou les yeux de ses personnages.

La passagère

L'on signalera aussi l'originalité du film dans sa façon ambivalente de décrire cette France insulaire, à la fois proche et lointaine de nous.  Avec un certain talent naturaliste, la réalisatrice nous la décrit  sous son côté le plus convivial (fêtes, mariages, réseaux de voisinages)  mais aussi sous ses aspects mesquins et moins reluisants comme les commérages ou les cruelles remarques des enfants adressées à Chiara et Maxence. Au final, l'on recommandera ce film simple, au charme   un peu provincial et  sans doute  un peu hors temps [comme pouvait l'être un long métrage intimiste comme  La Vieille Fille (1972) de Jean-Pierre Blanc]  mais touchant et crédible avec de vrais personnages et un puissant décor naturel !

durée : 1 h 35

La passagère, un film de Héloïse Pelloquet, drame, 2022

Avec Cécile de France, Félix Lefebvre, Grégoire Monsaingeon

La passagère


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