Nouvel éden, chroniques d'un effondrement - Studio Hébertot
En un rythme rapide mais jamais caricatural, ils se fondent idéalement dans des personnages beckettiens à la fois candides et roublards mais finalement plus proches de ceux de Joël Pommerat que de ceux du théâtre de l'absurde (Ionesco, Dubillard). Même si l'humour (noir) pointe souvent dans Nouvel éden, chronique d'un effondrement, par l'aspect imprévu des situations et par les réactions cocasses des personnages, l'on perçoit bien que les carottes sont cuites et que le monde que décrit Nouvel éden, chronique d'un effondrement, par petites touches suggestives, nous fascine surtout par sa dimension mesquine et illogique.
Nouvel éden, chroniques d'un effondrement - Studio Hébertot
En cela, l'univers théâtral de Nouvel éden, chronique d'un effondrement constitue une sorte de carte postale de toutes les peurs collectives contemporaines liées à la technologie, aux épidémies type Covid, aux ressources énergétiques ou aux injonctions toujours plus nombreuses en temps de crise de (mieux) communiquer avec autrui. Achevé fin 2020, le texte d'Olivier Descargues s'inscrit pleinement dans cette mouvance anxiogène mais aussi se révèle de façon plus inattendue dans un registre humaniste et poétique. Il y a aussi dans la pièce une verve humoristique, certes contenue mais toujours bien présente.
Par son esprit mordant et malicieux, Nouvel éden, chronique d'un effondrement rappelle parfois certaines nouvelles de Raymond Carver. A travers ses grands contes dérisoires cet auteur américain de premier plan prenait un malin plaisir à travers des thèmes sociaux et intimistes de chahuter la crise conjugale ou le spleen des classes américaines. Par son climat ambigu de fable sociale, Nouvel éden, chronique d'un effondrement rappelle aussi les histoires fragmentées de Cercles / Fictions de Joël Pommerat. Comme dans le théâtre de Viripaev, de Pinter, de Von Mayenburg ou de Pommerat Nouvel éden, chronique d'un effondrement nous montre des personnages souvent à la limite du ridicule par leur incapacité à maîtriser des situations inattendues ou redoutées.
Nouvel éden, chroniques d'un effondrement - Studio Hébertot
Vivante, ironique et réaliste la mise en scène de Patrick Dordoigne met en exergue les petits travers humains de ces couples, décortiquant derrière la confusion apparente certains mécanismes sociaux ou psychologiques. A travers ces nombreuses scénettes expressives et souvent drôles, dans lesquelles le duo théâtral formé par Véronique Joly et Olivier Descargues excelle, l'on perçoit une solide ambition théâtrale de décrire un monde proche de la réalité, jamais très éloigné de celui des réseaux sociaux ou des chaînes télévisuelles.
Par sa forme théâtrale et l'ironie du propos Nouvel éden, chronique d'un effondrement propose ainsi un cocktail imagé et revigorant, donnant à la banalité des situations un côté assez exceptionnel. Les 15 scènes s'enchaînent sans temps mort, de la distrayante scène du touriste hagard ayant raté son avion à l'amusant dialogue minimaliste d'un couple empêtré dans un embouteillage en passant par la surréaliste chamaillerie à l'hypermarché de deux anciennes connaissances. Surfant habilement sur le fort potentiel comique de l'air du temps stressé les tranches de vie de Nouvel éden, chronique d'un effondrement forment un spectacle tout à fait original méritant d'être découvert !
durée : 1 h 15
Nouvel éden, chronique d'un effondrement
Texte : Olivier Descargues
Mise en scène : Patrick Dordaigne
Avec Véronique Joly & Olivier Descargues
Studio Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
Paris 17
horaires : lundi (21 h), mardi (19 h)
jusqu'au 20 décembre 2022
78 bis boulevard des Batignolles
Paris 17
horaires : lundi (21 h), mardi (19 h)
jusqu'au 20 décembre 2022
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