Le Nez - Théâtre 13 - Crédit photo : Pascal Gely
Avec Le Nez Ronan Rivière explore de nouveau avec beaucoup d'humour et de malice une partie du patrimoine de l'immense univers littéraire russe du XIXe siècle, bien souvent croustillante métaphore d'une société humaine à la fois désopilante et tragique, évoluant entre bureaucratie tatillonne et quête effrénée des désirs.
Le Nez - Théâtre 13 - Crédit photo : Pascal Gely
La compagnie Voix des Plumes nous avait proposé déjà il y a quelques années le savoureux Le Double. Et même si ce roman est de Fédor Dostoïevski l'on ne peut s'empêcher, pour son aspect franchement sarcastique et ténébreux, de le rapprocher avec l'atmosphère de Le Nez. Rappelons au passage, dans ce très particulier registre grinçant et fantastique, que Le Nez, Le Manteau et Le Journal d'un fou parurent en 1843 dans le recueil des Nouvelles de Pétersbourg, soit trois ans avant Le Double.
Le Nez - Théâtre 13 - Crédit photo : Pascal Gely
En tout cas, le nez est chez Gogol un thème récurrent, obsessionnel : on le côtoie dans La Perspective Nevski, où il est déjà question de le couper, dans Le Journal d’un fou et dans Les Ames mortes. Coquine métaphore, l'organe n'est-il pas d'ailleurs le personnage principal de cette farce nasale ? Tout le sel du spectacle repose sur une quête perpétuelle, celle d'un pauvre fonctionnaire (Kovalev) courant dans tout Saint-Pétersbourg à la recherche anxiogène de son nez, se rendant honteux chez sa maîtresse, chez le médecin, louvoyant constamment entre policier inflexible et barbier malin.
Le Nez - Théâtre 13 - Crédit photo : Pascal Gely
Dans un environnement musical de clavecin et dans un décor carton pâte de comedia del arte (pont, escaliers, arcades) six alertes comédiens virevoltent, masqués. Le Nez lui-même, interprété par Ronan Rivière, est le personnage central. Source de peur, d'incrédulité, de désir ou de haine, ce nez à la fois fantasmatique et bien réel nous transporte d'emblée de façon labyrinthique et jubilatoire à travers un spectacle drôle, moderne et ambigu entre farce tragique et théâtre de l'absurde. Sur le mode subtilement comique Le Nez nous interroge de façon surréaliste sur le sens du réel, sur nos identités, nos peurs et nos désirs les plus refoulés.
durée : 1 h 25
Le Nez, d'après Nikolaï Gogol
Mise en scène : Ronan Rivière
Avec Laura Chetrit (Alexandrine), Michaël Giorno-Cohen (Le Barbier), Ronan Rivière (Le Nez, Le Policier), Jérôme Rodriguez (Kovalev), Jean-Benoît Terral (Le médecin, Michka), Amélie Vignaux (Prascovia) et au clavecin et orgue Olivier Mahal.
Mise en scène : Ronan Rivière
Avec Laura Chetrit (Alexandrine), Michaël Giorno-Cohen (Le Barbier), Ronan Rivière (Le Nez, Le Policier), Jérôme Rodriguez (Kovalev), Jean-Benoît Terral (Le médecin, Michka), Amélie Vignaux (Prascovia) et au clavecin et orgue Olivier Mahal.
Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs
Paris 6e
53, rue Notre-Dame-des-Champs
Paris 6e
horaires : du mardi au samedi à 19 h, le dimanche à 16 h
relâche le 17 février
jusqu'au 20 février 2022
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