5 ans après
Neuro, la Bâloise
Anna Aaron signe son grand retour avec
Pallas Dreams, disque éclectique et ambitieux sur fond de mythes, de sonorités New Age et de poésie charnelle.
La voix/piano est un peu la marque d’
Anna Aaron depuis ses débuts. Cette auteure-compositrice au timbre jazz étrangement voilé fut découverte par sa compatriote
Sophie Hunger. Agréablement,
Dogs In Spirit (2011) le 1er CD d'
Aaron zigzaguait entre blues râpeux, folk rock saturnien et pop atmosphérique. Davantage avant-gardiste le second CD, l'éclatant
Neuro (2014), abordait de nouveaux rivages, orientant l'auditeur vers un disque littéraire résolument conceptuel, de forme neuve et d’une troublante modernité avec d'accrocheuses sonorités electro et et des ballades acidulées à la
Kate Bush. Avec ce nouvel opus la Suissesse nous entraîne dans un voyage artistique aussi riche qu’imprévisible. Les sonorités à la fois guerrières et chatoyantes de l'épique
Neuro n'ont pas disparu. Elles se sont faites simplement encore plus mélodiques, orientées définitivement vers la poésie des mythes et la féerique langueur des voyages. Pour
Pallas Dreams la chanteuse (de son vrai nom
Cécile Meyer) s'est appuyée sur son frère
Alain Meyer pour la production, le son et les arrangements, ainsi que sur les musiciens de ses précédentes tournées,
Emilie Zoé Péléraux,
Christophe Farine et
Fred Bürki. L'on peut percevoir ce disque comme le plus personnel d'
Anna Aaron, car inspiré d'après elle de son enfance nomade passée à Manille (Philippines) en compagnie de parents missionnaires évangéliques. (Elle a passé son enfance entre les Philippines, la Nouvelle-Zélande et l'Angleterre.)
Anna Aaron
Pallas Dreams est composé de 11 titres d'inspiration souvent electro. Les chansons mélodiques et dansantes sont nombreuses comme sur « Boy » (qui rappelle un peu les « Girl » et « Heathen » sur
Neuro), « Why Not » avec son ambiance jungle ou encore l’exotique et sinueux « Moskito » dont les claviers vrombissants rappellent avec humour au souvenir de l’indomptable insecte. Ballade classieuse légèrement orchestrée « Screen Enemy » s’articule autour d’un mélodique crescendo claviers/percussions sur fond de chœurs évanescents. « Dear Dear » et « Rooms » figurent sans doute parmi les titres les plus puissants de
Pallas Dreams. La progression de la voix sépulcrale d’
Aaron sur ces morceaux se révèle assez envoûtante. Et le climat musical style
Tangerine Dream/Anna von Hausswolff oriente l’auditeur vers un climat mystique et épuré, finalement pas si éloigné que ça du romantisme allemand du XIXe siècle. Quant à « Pallas Dreams » - le titre éponyme qui fait allusion au 2e nom de la déesse grecque
Athéna - il oscille entre new wave atmosphérique et pop rock arty. On signalera aussi « Last Time We Met », morceau jungle dans lequel le chant ironique de l'artiste alémanique rappelle un peu le style narratif subtilement lent d’un
Lou Reed. Quant à « New Things In Your Blood », intéressante chanson propulsée par du piano, des synthés, des chœurs et des percussions, il rappelle
Lodger, le disque de Bowie qui clôturait sa période berlinoise. Morceau sans doute le plus surprenant du disque, « White Lady » conclut
Pallas Dreams en toute beauté. Propulsé par de puissants synthés et de légères percussions, c’est un titre lorgnant à la fois vers la space music, l’electro et le rock progressif. Avec
Pallas Dreams et son rock atmosphérique
Anna Aaron - après cinq ans d'absence - signe là sans doute son meilleur opus et confirme son immense talent d’auteure-compositrice ainsi que son statut de chanteuse cosmopolite hors modes, tout à fait originale.
Pallas Dreams, Radicalis Music, Suisse, 2019
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