Monstre médiatique avant l’heure, l’auteur des
Misérables inspira très tôt les dessinateurs de presse. A Paris la Maison de Victor Hugo lui consacre une intéressante exposition à travers 180 caricatures politiques ou littéraires.
L’expo
Caricatures Hugo à la une présente des caricatures publiées entre 1833 et 1885, toutes issues des collections du musée. A la fois instructif et amusant ce parcours nous rappelle l’omniprésence médiatique d’Hugo dans la presse, homme tour à tour adulé, moqué ou détesté pour ses convictions politiques ou pour ses orientations littéraires. Les illustrateurs les plus réputés du XIXe siècle croquèrent le père
Hugo à pleines dents :
Doré,
Cham, Gill, Nadar ou
Daumier. Ce dernier, d’ailleurs, fut à l’origine d’une des caricatures les plus connues du grand homme.
© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet
Benjamin Roubaud, « Panthéon charivarique », Le Charivari, 10 décembre 1841.
Publiée dans le journal
Le Charivari, elle nous le dévoile avec le grand front, une tête disproportionnée et des livres en piédestal. Sans doute grisés par la personnalité hors pair de l’écrivain et sa physionomie immédiatement reconnaissable (grosse tête, petites jambes, sourcil froncé et front immense bouillonnant), beaucoup d’illustrateurs le représentèrent sitôt publiées ses oeuvres. Dans « Panthéon charivarique »,
Benjamin Roubaud l’illustre sur un amas de livres. On le voit appuyé sur ses lieux emblématiques comme
Notre-Dame de Paris. Signalons que
Hugo, lui-même victime de la censure, ne s’opposa jamais à la publication d’une caricature le concernant.
© Maisons de Victor Hugo/Roger-ViolletAndré Gill, Louis-Alexandre Gosset de Guines, dit, «Amnistie », La Petite Lune, 28 février 1879
Un autre aspect intéressant de cette expo au parcours chronologique est de nous rappeler la diversité de cette presse satirique, lointaine ancêtre des
Charlie Hebdo et autres
Canard enchaîné actuels. Orientés républicains (
Le Charivari,
La Lune,
Le Grelot…) ou plutôt monarchistes (
Le Caricaturiste,
Le Triboulet…), tous contribuèrent en tout cas à la construction du mythe
Hugo ! A la fin de sa vie, les caricatures le concernant deviennent plus débonnaires et louangeuses. En effet,
Hugo incarne le vieux sage s'élevant au-dessus de la mêlée politicienne, doté d'attributs quasi divins : souvent vêtu « de probité candide » et, en tout cas, « de lin blanc », portant la lyre de l'aède, la couronne du vainqueur, ou encore en lion « superbe et généreux » pour reprendre un vers d'
Hernani.
Expo
Caricatures Hugo à la une
Maison de Victor Hugo
6,place des Vosges
Paris 4e
horaires : tous les jours (sauf lundi) : 10 h-18 h
jusqu'au 8 janvier 2019
© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet
Déloyoti, « Victor Hugo », Le Hanneton, 6 juin 1867.
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