Auteur et comédien, Yves-Pol Denielou nous suggère brillamment dans Hugo L’interview toute la modernité prophétique du poète et romancier français à travers un habile montage au Lucernaire de textes de Victor Hugo et l'efficace mise en scène de Charlotte Herbeau.
Dans Hugo L’interview le romancier culte répond sur un ton amusé aux questions d’une journaliste et de dix auditeurs. Pour cette spéciale émission, le grand homme succède à Voltaire. Il est interrogé aussi bien sur son combat pour le romantisme que sur sa vie sentimentale très libre, autant sur sa vision philosophique du monde que sur ses engagements politiques. Quoique sobre et sans arrière-pensée le système narratif mis en place - dès le début du spectacle - peut désorienter un peu le spectateur. En effet, subtilement interprété par Yves-Pol Denielou, le père Hugo se trouve seul sur scène.
Et le monde médiatique nous est représenté seulement à travers des halos de voix « off ». Dès le début, le climat indécis du spectacle instaure un léger décalage entre l'univers journalistique et le monde de pure création (poésie, littérature), incarné par l’ogre Hugo. Cependant, les questions ne sont ni saugrenues ni pédantes. En effet, quoique fantomatiques, ces onze interlocuteurs interpellent l’auteur des Misérables sur des points aussi « sensibles » que sa foi religieuse, les pogroms en Russie ou l’éducation parentale. Ils ne résistent pas, d’ailleurs, à pimenter cet entretien informel de questions sur les multiples maîtresses du poète. Sinueux et moins saisissable, le décalage entre Hugo et ses interviewers semble définitivement ailleurs, dépassant le cadre convenu de ce petit ballet incessant de questions-réponses. Une évidente fascination pour le grand dramaturge, touchant au sacré, perce sous cette pluie de questionnements épars.
Denielou est un comédien très alerte, de surcroît déconcertant de naturel. Il interprète cet Hugo humaniste, pédagogue, un zeste grave mais constamment souriant et optimiste. Rassurant est sans doute le mot qui convient le mieux à cet Hugo-là. On peut le voir (au sens figuré) comme une sorte de bon père de famille qui parle d'une voix douce et ferme à des enfants ou adolescents, une sorte de fabuleux calmant social apaisant à la fois l’inquiétude métaphysique qui ronge cet auditoire et neutralisant ainsi le nihilisme plombé de l’époque. A la fois tranquille et fusionnelle, cette interaction d'Hugo avec son auditoire inquiet - passant son temps à couper les cheveux en quatre - donne toute sa saveur particulière à ce spectacle insolite. Le poète s’y révèle à la fois chaman et esprit rationnel, emporté parfois lyriquement dans son combat contre l’ignorance et son amour de la liberté, de toutes les libertés.
Par sa vie et ses histoires « vraies » Hugo peut prétendre captiver son auditoire. Que ce soit par le récit d’un crapaud bêtement écrasé par des enfants cruels ou celui d’un gentilhomme breton (Lahorie), impliqué dans une conspiration contre Bonaparte et connaissant un destin fatal, cet Hugo-là nous touche par l’émotion et l’esprit qu’il met en toutes choses. Parsemé entre autres d’extraits choisis des « Misérables », du « Dernier jour d’un condamné », de « Choses Vues » ou « Actes et Paroles » ce spectacle solo se révèle instructif et prenant. Nourri par la force poétique du verbe hugolien et son aspiration fondamentale à la bienveillance humaine, il rend là un bel hommage au plus illustre des romanciers du XIXe siècle.
Hugo L'interview - Théâtre Essaïon
Et le monde médiatique nous est représenté seulement à travers des halos de voix « off ». Dès le début, le climat indécis du spectacle instaure un léger décalage entre l'univers journalistique et le monde de pure création (poésie, littérature), incarné par l’ogre Hugo. Cependant, les questions ne sont ni saugrenues ni pédantes. En effet, quoique fantomatiques, ces onze interlocuteurs interpellent l’auteur des Misérables sur des points aussi « sensibles » que sa foi religieuse, les pogroms en Russie ou l’éducation parentale. Ils ne résistent pas, d’ailleurs, à pimenter cet entretien informel de questions sur les multiples maîtresses du poète. Sinueux et moins saisissable, le décalage entre Hugo et ses interviewers semble définitivement ailleurs, dépassant le cadre convenu de ce petit ballet incessant de questions-réponses. Une évidente fascination pour le grand dramaturge, touchant au sacré, perce sous cette pluie de questionnements épars.
Hugo L'interview - Théâtre Essaïon
Denielou est un comédien très alerte, de surcroît déconcertant de naturel. Il interprète cet Hugo humaniste, pédagogue, un zeste grave mais constamment souriant et optimiste. Rassurant est sans doute le mot qui convient le mieux à cet Hugo-là. On peut le voir (au sens figuré) comme une sorte de bon père de famille qui parle d'une voix douce et ferme à des enfants ou adolescents, une sorte de fabuleux calmant social apaisant à la fois l’inquiétude métaphysique qui ronge cet auditoire et neutralisant ainsi le nihilisme plombé de l’époque. A la fois tranquille et fusionnelle, cette interaction d'Hugo avec son auditoire inquiet - passant son temps à couper les cheveux en quatre - donne toute sa saveur particulière à ce spectacle insolite. Le poète s’y révèle à la fois chaman et esprit rationnel, emporté parfois lyriquement dans son combat contre l’ignorance et son amour de la liberté, de toutes les libertés.
Hugo L'interview - Théâtre Essaïon
Par sa vie et ses histoires « vraies » Hugo peut prétendre captiver son auditoire. Que ce soit par le récit d’un crapaud bêtement écrasé par des enfants cruels ou celui d’un gentilhomme breton (Lahorie), impliqué dans une conspiration contre Bonaparte et connaissant un destin fatal, cet Hugo-là nous touche par l’émotion et l’esprit qu’il met en toutes choses. Parsemé entre autres d’extraits choisis des « Misérables », du « Dernier jour d’un condamné », de « Choses Vues » ou « Actes et Paroles » ce spectacle solo se révèle instructif et prenant. Nourri par la force poétique du verbe hugolien et son aspiration fondamentale à la bienveillance humaine, il rend là un bel hommage au plus illustre des romanciers du XIXe siècle.
durée : environ 1 h
Hugo L'interview de et par Yves-Pol Denielou
Mise en scène : Charlotte Herbeau
Hugo L'interview de et par Yves-Pol Denielou
Mise en scène : Charlotte Herbeau
Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs
Paris 6e
horaires : du mardi au samedi (18 h 30), le dimanche (15 h)
jusqu'au 26 juin 2022
53, rue Notre-Dame-des-Champs
Paris 6e
horaires : du mardi au samedi (18 h 30), le dimanche (15 h)
jusqu'au 26 juin 2022
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