lundi 9 octobre 2017

La Danse de mort



Fidèle au climat acide et tragi-comique de la pièce du Suédois August Strindberg (1849-1912), Stuart Seide met en scène la Danse de Mort (1901) au Théâtre de la Reine Blanche.

Texte aussi grinçant que loufoque, la Danse de Mort évoque la difficulté à vivre en commun d’un vieux couple finissant ses jours sur une île de garnison. Les deux personnages de cet épique et surprenant règlement de comptes - qui se déroule dans un lieu isolé du monde - sont Edgar, un capitaine autoritaire et désabusé, et Alice, une ancienne comédienne, multipliant depuis sa vie insulaire les remarques cinglantes et ironiques à l’égard du militaire.

La Danse de mort

La violence latente et malicieuse de la pièce de Strindberg nous oriente vers des thèmes qui lui sont familiers : mauvaise foi, mesquinerie,  frustration, perversité, masochisme, violence morale (on dirait aujourd’hui harcèlement !). A la fois moderne, étrange, réaliste et paroxystique, le théâtre de Strindberg se bâtit avidement autour de crises conjugales, évolue  froidement dans l’amour-haine, se tortille dans de frénétiques frustrations qui ne peuvent jamais être trop longtemps tues. (On a souvent d'ailleurs  analysé  l'œuvre du célèbre auteur mystico-naturaliste  à travers les échecs de sa vie personnelle - 3 mariages et 3 divorces).
               
La Danse de mort

Subtilement, prenant le choix d’excellents comédiens, Stuart Heide met en scène cette pièce féroce, ouverte à toutes les dérisions existentielles et autres.  Interprété avec brio par Jean Alibert et Hélène Theunissen, son duo Edgar/Alice   rappelle parfois par son sens théâtral aigu de l’absurde les désopilants Vladimir et Estragon d’En attendant Godot (1953) de Samuel Beckett. Habilement joué par Pierre Baux, Kurt, le cousin d’Alice, est le troisième personnage de la pièce. Revenu récemment d’Amérique, il débarque chez ses anciens amis au moment même où ils s’apprêtent à fêter leurs noces d’argent.

Hélène Theunissen (Alice), Jean Alibert (Edgar), Pierre Baux (Kurt)

Toute la pièce fonctionne un peu comme un thriller psychologique aux multiples pistes. A la fois intrusive et salvatrice, la présence de Kurt nous laisse entrevoir les failles profondes de ce couple perturbé et perturbant. A la fois cruelle et drôle, la pièce n’est cependant pas tout à fait pessimiste. Le traducteur Terje Sinding souligne même que « désormais [avec la Danse de Mort]   Strindberg semble considérer que la souffrance peut conduire à une purification, qu’un rachat est concevable ». S’appuyant sur un brillant jeu de comédiens, une scénographie sobre et une mise en scène efficace, ce spectacle offre l’opportunité de découvrir une pièce phare du dramaturge suédois.

durée : 1 h 40

La Danse de mort d’August Strindberg
Mise en scène : Stuart Seide
Avec Jean Alibert (Edgar, capitaine d’artillerie), Pierre Baux (Kurt, maître de quarantaine), Karin Palmieri (Jenny), Hélène Theunissen (Alice, la femme du capitaine, ancienne comédienne)

Théâtre La Reine Blanche
2 bis, passage Ruelle
Paris 18e
horaires : du mercredi au samedi à 20 h 45 et les dimanches à 15 h 30
Les jeudis 12 et 19 octobre à 14 h 30

jusqu’au 29 octobre 2017








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire