lundi 18 septembre 2017

David Bowie n’est pas mort



Avec  David Bowie n’est pas mort, Sonia David signe un roman alerte et insolite, explorant sous les couleurs de la légèreté, de la révolte et de la tendresse les cicatrices et les mystères d’un drame familial.

A la fois décalé, analytique et parfois humoristique, le ton général du roman de Sonia David peut surprendre. En effet, l’auteure y évoque dans un style plutôt inhabituel à notre époque (ni larmoyant ni trop impudique) la mort de ses parents disparus à un an d’intervalle ainsi que celle du célèbre chanteur anglais survenue le 10 janvier 2016. Le regard scrutateur d’Hélène, la narratrice, est au centre du roman. A la suite de ces deux décès, elle nous décrit par le menu les retrouvailles avec ses sœurs, Anna (l’aînée) et Emilie (la cadette). Elle y relate l’organisation des funérailles, le rangement des papiers administratifs, les rencontres insolites avec les proches des défunts… Tout ce récit intime et familial est entrecoupé par les souvenirs aigus de la narratrice envers sa mère et ceux plus légers envers son père, et est émaillé de notations précises sur le caractère de ses sœurs et de ce qui la rapproche ou l’éloigne d’elles. Sous des dehors d’écriture rapide, précise et parfois un peu sèche, David Bowie n’est pas mort se révèle un livre tonique et tendre, imprégné de violence et de nostalgie, suggérant au lecteur crûment autant la mesquinerie des êtres que la permanence des sentiments et la fragilité des masques. A travers un récit vivant et subtilement anecdotique, l’auteure pointe autant le ridicule que les incohérences de la parentalité, mais aussi la grandeur et la permanence des relations filiales et des fratries. Eclipsant partiellement le caractère morbide propre à la mort, ce roman original, par son positionnement anticonformiste, met en exergue la force rédemptrice de la fratrie. Quant à la mort de David Bowie, elle sert de symbole fort, sorte de passerelle qui relie la narratrice à son adolescence ainsi qu’à sa famille, réconciliant passé et présent tel un placebo magique. Ainsi, dans l’extrait suivant :

« La musique rock a ce pouvoir-là, plus encore qu’une madeleine, plus encore, m’apparaît-il, que Schubert par Alfred Brendel, remettre le passé au présent, ressusciter ce qui compte. J’écoute comme on déroule un fil, 'Life on Mar's, 'Space Oddity' […], inlassablement je retourne dans cette chambre au premier étage de notre appartement, quand Anne m’invite et que je suis sa confidente. » (p.145)

Sonia David, David Bowie n’est pas mort, éditions Robert Laffont, 180 pages, 2017




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