A. Hervier de Romande
En barque sur la Marne, vers 1890
H/T, 128 x 171
Musée de la ville de Nogent-sur-Seine
Au Musée français de la Carte à Jouer d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) l’on peut découvrir cette expo, qui retrace à travers une centaine de toiles les métamorphoses de la banlieue.
Les peintres paysagistes avaient élu domicile dans certaines villes : L’Isle-Adam, Nogent-sur-Marne, Herblay, Pontoise, Lagny, Poissy, Conflans-Sainte-Honorine, Chatou, Gentilly… Des plus connus (Corot, Manet, Utrillo, Pissaro, Caillebotte, Monet, Gauguin, Jongkind, Marquet, Dufy, Cézanne) aux plus confidentiels (Dupré, Dantan, Maincent, Vignon), ces nombreux artistes, tous fascinés par la banlieue, nous ont révélé par l’œuvre - outre leur approche picturale - leurs sujets favoris. Ainsi, à travers ses motifs, Pissaro privilégie dans sa représentation de la banlieue les rues calmes de village avec ou sans diligence.
Quant à Monet, il choisit dans ses paysages des éléments urbains (docks, usine, chemin de fer). L’expo de l’Atelier Grognard s’avère d’autant plus intéressante qu’elle montre bien que la banlieue fut pour les artistes une source permanente d’inspiration, en partie grâce à l’essor au XIXe siècle des chemins de fer, qui facilitèrent les déplacements des peintres ainsi que les loisirs des couches populaires. En cela, « Au bord de la Seine » (1906) - tableau d’Albert André représentant un pique-nique familial - restitue avec subtilité le climat de la Belle Epoque, porté vers les guinguettes et les loisirs aquatiques. A la recherche de lieux simples, les peintres paysagistes apprécient les motifs « banals » comme les gares [Monet, La gare d’Argenteuil (1872), Dantan, La gare de Saint-Cloud (1880)], les péniches et bateaux lavoirs (Gleizes, Gausson, Guillaumin) ou les ponts (Luce, Loiseau, Maincent).
Ainsi, chaque artiste nous propose une vision caractéristique de la banlieue. Elle nous apparaît champêtre et rassurante chez Daubigny, Corot et Sisley. [Dans une des salles, on signalera l’amusant et bucolique Rentrée du troupeau (1853) d’Emile Cavallo-Peduzzi.] Chez des artistes comme Lugnier, Gromaire, Toffoli et Vlaminck, la banlieue se profile urbaine et anxyoène, comme dans La centrale électrique près de la Seine (1942), tableau de Jean Delpech, artiste qui entend dénoncer le paysage dénaturé de la banlieue industrielle. Egalement, à travers sa forte thématique de la banlieue, l’expo nous fait découvrir toute la modernité de grands peintres peu connus du grand-public, comme Gleises, Fontanarosa, Desnoyer, Herbin, Luce et L’Hôte.
Dans L’usine à gaz (1937), ce dernier nous offre une vision poétique de la banlieue, teintée d’humour. Quant au génial Gromaire, d’une modernité aussi éloquente que celle de L’Hôte mais dans un autre climat, on a écrit qu’ « il construit ses nus comme des cathédrales et traite les gratte-ciels comme des théorèmes ». L’on pourra découvrir trois de ses œuvres, dont Les Bords de la Marne (1925), témoignage de ce réalisme inclassable, un peu inspiré des primitifs, qui caractérise le style si particulier de ce peintre que certains considèrent comme un des représentants de l’expressionnisme. Au final, l’expo Peindre la banlieue se révèle passionnante par sa diversité. Outre l’intérêt et la qualité des tableaux présentés, elle nous fournit de solides repères sur l’histoire et l’environnement social de la banlieue.
Expo Peindre la banlieue, de Corot à Vlaminck
Musée français de la Carte à Jouer
16, rue Auguste Gervais
Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)
jusqu'au 29 juillet 2017
LUCE Maximilien
La Seine à Issy-Les-Moulineaux, 1920
Huile sur toile, 91 x 121 cm
Musée Français de la Carte à Jouer et Galerie d’Histoire de la Ville,
Issy-les-Moulineaux
LINT Alphonse
Les Petits pêcheurs au pont de pierre de Lagny, vers 1895
Huile sur toile, 88 x 130 cm
Musée Gatien-Bonnet à Lagny-sur-Marne
LUGNIER Jean
Le Canal Saint-Denis sous un ciel d’orage, 1935
Huile sur toile, 65, 3 x 80,5 cm
Musée d’Art et d’Histoire, Saint-Denis
Ainsi, chaque artiste nous propose une vision caractéristique de la banlieue. Elle nous apparaît champêtre et rassurante chez Daubigny, Corot et Sisley. [Dans une des salles, on signalera l’amusant et bucolique Rentrée du troupeau (1853) d’Emile Cavallo-Peduzzi.] Chez des artistes comme Lugnier, Gromaire, Toffoli et Vlaminck, la banlieue se profile urbaine et anxyoène, comme dans La centrale électrique près de la Seine (1942), tableau de Jean Delpech, artiste qui entend dénoncer le paysage dénaturé de la banlieue industrielle. Egalement, à travers sa forte thématique de la banlieue, l’expo nous fait découvrir toute la modernité de grands peintres peu connus du grand-public, comme Gleises, Fontanarosa, Desnoyer, Herbin, Luce et L’Hôte.
DAMOYE Pierre-Emmanuel
La Seine à Nanterre, vers 1880
Huile sur bois, 30 x 60 cm
Sceaux, musée du Domaine départemental
Expo Peindre la banlieue, de Corot à Vlaminck
Musée français de la Carte à Jouer
16, rue Auguste Gervais
Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)
jusqu'au 29 juillet 2017
TOFFOLI Louis
Quai à Ivry, 1951
Huile sur isorel, 66 x 81,5 cm
Musée du Domaine départemental, Sceaux
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