Méconnu du grand public, Robert Humblot dit Bob a contribué au renouveau de l’art figuratif dans les années 30 et celles de l’après-guerre. Enrichi de 300 illustrations, du texte alerte d’une historienne et critique d’art ainsi que de la biographie de l’artiste par sa fille Brigitte Humblot, ce livre nous révèle cette personnalité attachante, qui toute sa vie a mené une carrière artistique à l’écart des modes et des conformismes. La démarche esthétique de ce grand admirateur de Velazquez, de Goya et des grands caravagesques français fut orientée vers le néoclassicisme, en décalage avec son époque, marquée par les codes de l’abstraction.
En outre, l’ensemble de l’oeuvre d’Humblot dégage une mélancolie profonde. Dans l’ouvrage, sa fille elle-même explique cette peinture sombre caractéristique, ponctuée de clair-obscur, par une enfance triste et austère, rythmée par deuils et enterrements au sein d’une famille meurtrie par la guerre de 1914. Rigueur et réserve délimitent d’ailleurs ces tableaux à la modernité ascétique qui dévoilent à la fois l’élan visionnaire et une beauté onirique. Portrait, nature morte, paysage, nu… Humblot emprunte subtilement à de nombreux genres. En réaction à la montée de l’abstraction, l’artiste fonda en 1935 le groupe « Forces Nouvelles ». Offrant une vision personnelle très particulière, ses tableaux laissent deviner le sentiment, la référence au classicisme et une forme certaine de stylisation.
Les Horreurs de la guerre, 1937
huile sur toile, 97 x 130 cm
Musée des Années 30, Boulogne-Billancourt
En cela, cette peinture dégage une sorte de spiritualité laïque. (D’autres artistes eurent une démarche assez proche, des plus connus comme André Derain et Albert Besnard à d’autres - aujourd’hui bien oubliés - comme Jean Puy, Albert André ou Amédée de La Patellière.) A propos de ce peintre marginal, Lydia Harambourg note [« Humblot de roc et de taille », p.17, Humblot 1907-1962] : […] « Cet esprit janséniste, épris d’ordre et de vérité, sait dompter tout romantisme auquel il préfère le goût du sentiment. A l’encontre de son temps, il refuse les grandes mutations esthétiques auxquelles il reste étranger, se sentant plus proche d’un néoclassicisme méditatif qui prend en compte l’homme et révèle son âme. » […]
Lydia Harambourg, Brigitte Humblot, Humblot 1907-1962, préface d’Emmanuel Bréon, éditions Somogy, 256 pages / 300 illustrations, 2016
Le Monde à l’envers, 1956
huile sur carton, 55 x 62 cm
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire