Quelques années après Love Revolution (2011), Inna Modja sort Motel Bamako, un nouvel opus de 13 titres. Chanté en anglais et en bambara, ce 3e disque gorgé de sonorités électro-pop, soul, hip hop, rap et bluesy signe un certain retour aux racines maliennes de la chanteuse peule.
Musicalement, le Mali est à la mode et compte bon nombre d’artistes majeurs d’Afrique. Peut être certains se souviennent de l’excellent Kanou (2014) de Mamani Keïta où s’entrecroisaient harmonieusement pures sonorités africaines et discrètes excentricités électro/jazz fusion. Quoique plus orientée vers la pop, Inna Modja se profile une ambassadrice aussi talentueuse que les Mamani Keïta et autres Amy Koita de cette musique traditionnelle à la dimension mystique et sensuelle. Elle l’assaisonne tout simplement danc ce Motel Bamako avec des recettes de rythmes syncopés de soul internationale et de nostalgiques riffs bluesy proches d’un classic rock.
Enregistré à Bamako, ce CD au climat dansant et festif aborde cependant des sujets parfois graves, comme le drame de Lampedusa (« Boat People ») ou la guerre au Mali et la situation des femmes au nord du pays (« Tombouctou »). Côté invités, l’on signalera la présence sur certains titres d’Oxmo Puccino, du rappeur congolais Baloji et de la chanteuse malienne Oumou Sangagé. Motel Bamako se profile varié. Léchée, l’instrumentation mêle astucieusement flûte peul, Kora et guitares mandingues à des sonorités afro-jazz et soul Motown. Croisées à des sonorités claires afro, les performances vocales de Modja portent sur des titres particulièrement mélodiques comme « Diaraby », « Going Home » ou « Boat People ». L’autre originalité du disque réside dans sa capacité de varier les climats sans trop se répéter. Ainsi, le phrasé groovy de la chanteuse se profile en pleine forme sur fond de blues rock un peu californien (« Water ») ou de pop soul cosmopolite à la Mariah Carey (« Broken Smiles »). « Outlaw » est un titre assez puissant, marqué par l’exotisme qui se dégage de l’ambiance afro-jazz de ses roulements percussifs. Quant à « Tombouctou », morceau peut-être parfois un peu répétitif, il tourne efficacement en boucle, proposant une attrayante rythmologie. Propulsé par un élégant crescendo guitare/claviers/percussions, « Speeches » est un autre titre intéressant, chanté (en français/anglais) en duo avec Oxmo Puccino. Quant à « Sambé » et « Forgive Yourself » ils offrent un nouveau contraste : le premier, sorte de rap expérimental ; le second, ballade avec piano appuyé, orienté vers Tori Amos. Au final, par une subtile cohérence et son habile diversité, ce chemin de Bamako se révèle un disque fort plaisant !
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