lundi 25 février 2013

Une sorte d'Alaska



Oeuvre de Harold Pinter (1930-2008), Une sorte d’Alaska est une pièce étrange qui raconte l’histoire d’une femme qui se réveille d’un coma au bout de seize ans. Au Théâtre l'Akteon, Ulysse di Gregorio met en scène avec talent le texte somnambulesque et envoûtant du dramaturge anglais.

Avec Une sorte d’Alaska Harold Pinter renouvelle le mythe de La Belle au bois dormant à sa propre façon : un médecin (le Dr Horny) sort de son sommeil léthargique une femme endormie depuis l’âge de 15 ans. Inspiré par la lecture d’Awakenings d’Oliver Sacks, traité sur le réveil subit, l’auteur de la Collection (1962) et de Célébration (2000) décrit dans Une sorte d’Alaska le curieux échange verbal entre cette femme (Deborah) et son sauveur (le Dr Horny). Dans une mise en scène volontairement minimaliste (une table, un lit, deux chaises), cet énigmatique duo évolue sur scène : Deborah alterne entre confidences familiales, bouffées d’agressivité et recueillement ; le Dr Horny, conciliant et impassible tel un parfait thérapeute, ponctue chaque commentaire de Deborah d’une réponse laconique. (Sa sœur Pauline, qui a épousé le docteur est le troisième personnage d’Une sorte d’Alaska, et apparaît tardivement sur la scène.)

Une sorte d’Alaska, d’Harold Pinter

 Le climat général de la pièce se profile glacial, presque clinique. Le jeu des comédiens - sans pathos - est dominé par une diction parfaite rendue nécessaire pour éclairer le spectateur sur le langage pintérien rendu parfois insaisissable par son apparente banalité. La quête de reconstruction mentale de Deborah face à ce nouveau monde difficile à cerner semble au cœur de cette pièce crépusculaire. Oeuvre aux accents métaphysiques, Une sorte d’Alaska n’est cependant jamais ennuyeuse. C’est un texte flottant offrant une réflexion perçante sur le temps, le manque de repères, le vieillissement prématuré ou encore la rupture des liens familiaux. Les excellents comédiens nous happent dans ce curieux sommeil qui plane comme la mort et qui fait dire au médecin à sa patiente enfin éveillée : « Vous vous êtes arrêtée ! ». Spectacle très prenant, Une sorte d’Alaska vaut le détour.
Une sorte d’Alaska, d’Harold Pinter


Avec Dorothée Deblaton (Deborah), Grégoire Pallardy (Dr Horny) et Marinelly Vaslon (Pauline)
durée
: 1 h 20

Une sorte d’Alaska, d’Harold Pinter
Mise en scène : Ulysse di Gregorio
Théâtre l’Akteon
11, rue du général Blaise
Paris 11e
les vendredis et samedis à 21 h 30

du 8 février au 6 avril 2013




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