Le costume de théâtre peut être perçu comme un sujet d’expo quelque peu ésotérique… Excepté les mordus de théâtre et de mode, d’emblée la présentation de costumes du XXe siècle de l’Opéra de Paris risque de faire fuir le consommateur lambda de biens culturels, pouvant croire de façon erronée à un déballage rétro d'un théâtre lyrique et poussiéreux à travers représentations pompeuses et surannées.
Le visiteur peut être rassuré, car comme le titre de l’expo le promet, l’on se situe vraiment là dans la modernité, version chatoyante. La bibliothèque-musée de l’Opéra expose donc ses maquettes de costumes, offrant au regard toute la richesse d’un siècle survolté, bariolé d’innombrables révoltes esthétiques. Friande de costumes pour son théâtre et ses ballets, la vénérable institution dévoile de bien délicats trésors. Le parcours signalétique de L’Etoffe de la modernité nous renseigne sur le rôle - décisif - des directeurs successifs de l’Opéra. Ces derniers choisissent les artistes et parfois leur confient, dans un désir d’unicité scénique, la conception des costumes et celle du décor. Tous ces artisans, célèbres ou simples costumiers, apparaissent comme le nerf de guerre d’une entreprise artistique - aussi vaste qu’ambitieuse - regroupée autour d'un vêtement Roi, avalant indifféremment peintres, affichistes, dessinateurs ou couturiers.
A gauche : Paul Colin, maquette de costume pour le cor dans L'Orchestre en liberté, ballet de Serge Lifar, 1931
Crayon et gouache. BmO, D 216/85,pl57. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO, ADAGP, Paris, 2012
Au centre : Giorgio De Chirico, costume de Bacchus (Serge Lifar) pour Bacchus et Ariane, ballet de Serge Lifar, 1931
Crayon, aquarelle et gouache. BmO, D 216/86,pl77. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO, ADAGP, Paris, 2012
A droite : Fernand Léger, costume des soldats de Goliath pour David triomphant, ballet de Serge Lifar, 1937
Crayon et gouache. BmO, D 216/93,pl40. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO, ADAGP, Paris, 2012
A gauche : Kenzo Takada, costume de la deuxième dame pour La Flûte enchantée de Mozart, 1998
Crayon et aquarelle. BmO, D 216/198,pl3. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
Au centre : Kenzo Takada, costume de la reine de la nuit pour La Flûte enchantée de Mozart, 1998
Crayon et aquarelle. BmO, D 216/198,pl2. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
A droite : Charles Bétout, costume du rôle-titre (Lucienne Bréval) pour Armide de Gluck, 1905
Encre, aquarelle et gouache. BmO, D 216/62,pl3. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO, DR
Roger Chapelain-Midy, costume de Papageno pour La flûte enchantée de Mozart, 1954
Crayon et gouache. BmO, D 216/G6(2),p31. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO, ADAGP, Paris 2012
La variété des styles constitue la principale surprise de L’Etoffe de la modernité : classicisme flamboyant chez Roger Chapelain-Midy (le Papageno, sapé comme un perroquet, de la Flûte enchantée (!), graphisme drôle et syncopé tout en sautillements jazzy chez Paul Colin, expressionnisme étrange chez Jacques Dupont (la série fantasque de Turandot, que l’on croirait sortie des planches du test de Rorschach) ou encore avant-gardisme pictural très proche de la bédé chez Jean Cazou. Avec leurs aventureuses maquettes de costumes, les peintres se payent la part du lion. Ainsi, l’on peut contempler les réalisations de Fernand Léger, Giorgio De Chirico, Maurice Denis, Leonor Fini, André Masson, Natalia Gontcharov. Le visiteur remarquera également les dessins de Jean Cocteau, les aquarelles d’Yves Saint Laurent et les contributions plus récentes de Kenzo Takada ou de Christian Lacroix.
Surfant entre peinture, histoire, mode, danse et déco pour parvenir à la quintessence du théâtre, L’Etoffe de la modernité se profile comme une passionnante découverte, à travers les réalisations de l’Opéra de Paris, de l’histoire de l’art tout simplement.
Charles Martin, costume du papillon (Serge Peretti) pour Virginie de Bruneau, 1931
Crayon et aquarelle. BmO, D 216/85,pl7. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
Yves Saint Laurent, costumes de la cour des miracles pour Notre-Dame de Paris, ballet de Roland Petit, 1965
Aquarelle et gouache. BmO, D 216/G 26,pl5. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
Christian Lacroix, costume pour une danseuse pour Les Anges ternis, ballet de Karole Armitage, 1987
Crayon et gouache. BmO, D 216/158,p2. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
Crayon et aquarelle. BmO, D 216/85,pl7. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
Yves Saint Laurent, costumes de la cour des miracles pour Notre-Dame de Paris, ballet de Roland Petit, 1965
Aquarelle et gouache. BmO, D 216/G 26,pl5. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
Christian Lacroix, costume pour une danseuse pour Les Anges ternis, ballet de Karole Armitage, 1987
Crayon et gouache. BmO, D 216/158,p2. © OnP/ Julien Benhamou Coll. BnF/BmO
Expo L’Etoffe de la modernité, costumes du XXe siècle à l’Opéra de Paris
Bibliothèque-musée de l’Opéra Palais Garnier
Entrée à l’angle des rues Scribe et Auber
Paris 9e
Tous les jours de 10 h à 17 h (de 10 h à 18 h du 17 juillet au 4 septembre)
du 19 juin au 30 septembre 2012
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire