lundi 16 avril 2012

L’Amant

Pièce de Harold Pinter (1930-2008), acteur et auteur dramatique anglais,   L'Amant (1962) d'emblée nous fait pénétrer dans un univers sans utopie, proche du théâtre de l'absurde, dans lequel mots et sentiments se bousculent, sans joie ni colère, comme prisonniers de l'Inutile.
Avec  L'Amant, l'auteur  célèbre de La Chambre  (1957)  nous convie théâtralement à la découverte d'un couple (Richard et Sarah). L'habile mise en scène  d'Alexandra Dadier  nous suggère à la fois  le désarroi (fugitif)  et la joie (légère)  des deux personnages. Evoluant dans une scénographie sobre, délimitée  par   un  encombrant pot de fleurs et le grand drap rouge (de la honte),  Richard et Sarah  nous apparaissent comme entraînés,  malgré eux, dans une conversation/explication sans fin d'où un ton tantôt goguenard, tantôt voilé de mélancolie donnant à la pièce son climat particulier. Toute leur conversation tourne autour de deux fantômes : celui de la "maîtresse- pute" de Richard et celui de l'amant de Sarah, personnage indéterminé qui se rend à l'heure du thé -  chaque après-midi - dans la villa du couple.


L'Amant
Fabienne Alice Dubois (Sarah) et Laurent Schteiner (Richard)
photo ©  Maud Lambert

A la routine du travail de Richard  semble correspondre l'ennui  de la vie quotidienne de Sarah. (Même la  villa coquette - et sa campagne riante - souvent évoquée dans la narration semble une source supplémentaire d'ennui chez ce couple.) Leur dialogue mollement acerbe - ou monologues (?!) - , nous introduit dans  deux histoires réécrites en permanence par les protagonistes. Les deux comédiens Laurent Schteiner (Richard  et Fabienne Alice Dubois (Sarah) interprètent avec un talent tout intuitif ce couple, véritable laboratoire expérimental, dans lequel bouillonne une cocotte minute de maux/mots/sentiments. Au final, le langage théâtral pintérien si particulier - silences, allusions verbales -, tout imprégné d'harcèlement soft en milieu bourgeois,  se profile convaincant dans cette adaptation  de L’Amant.  En tout cas, la pièce reflète parfaitement le  tranquille pessimisme qui caractérise les pièces de  Pinter, qui a écrit,  faisant d'une certaine façon encore plus fort qu'un Ionesco :

Je crois qu'au lieu d'une incapacité quelconque de communiquer, il y a chez chacun de nous un mouvement intérieur délibéré pour esquiver la communication.

durée : 1 h

L’Amant

L’Amant, de Harold Pinter
Mise en scène : Alexandra Dadier

Théâtre de l’Aktéon
11, rue du Général Blaise
75011 Paris
les vendredis et samedis à 21 h 30
du 30 mars au 2 juin 2012

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