lundi 16 avril 2012

Welcome 2 My Nightmare, le nouvel opus d'Alice Cooper






A 64 ans, Alice Cooper sortait l'année dernière un 26e opus intitulé Welcome 2 My Nightmare. Succédant à Along Came A Spider (2008), disque de rock heavy à la fois inégal et racé, ce Welcome 2 My Nightmare était des plus attendus par tous les familiers de l’univers musical coopérien... Ce nouveau cauchemar n’est autre que la suite du fameux concept album Welcome To My Nightmare (1975), à la fois première oeuvre solo du Coop mais aussi l’un des meilleurs opus de rock des seventies.

L’on retrouve donc, plus de 30 ans après sur Welcome 2 My Nightmare, les mêmes comme l’indispensable producteur Bob Ezrin (Peter Gabriel, Pink Floyd, Kiss) ou Steve Hunter et Dick Wagner (guitares) - les ex- duellistes flamboyants du rock band mythique du Rock’nroll Animal live du Lou Reed ‘73 - qui officiaient déjà sur l’opus et la tournée de Welcome To My Nightmare 1. Outre d’ex-membres de l’Alice Cooper Band originel qui cosignent trois titres - « A Runaway Train » (Dunaway), « I’ll Bite Your Face Off » (Smith) et « When Hell Comes Home » (Bruce) -, d’autres invités se profilent comme Rob Zombie, John 5 (ex-Marilyn Manson) et la chanteuse pop Kesha, que l’on entend sur « What Baby Wants » en duo avec le Coop. Ce dernier a pimenté son nouveau cauchemar - qui dure près d’une heure (soit 14 titres) -, délaissant le hard glaçant et teinté de glam de Along Came A Spider pour un classic rock diversifié, plus fidèle à sa première période (1971-79), de loin la plus créative. Mais l’on est parfois fort éloigné de l’humour kitch et de la vitalité musicale d’un From The Inside (1978) par exemple. Notre croquemitaine du rock échoue sur des titres insipides comme « Disco Bloodbath Boogie Fever », mêlant rap disco et chœurs de l’Armée rouge ou « I am Made Of You », lorgnant vers une pop mielleuse électro – fruit d’une collaboration avec Desmond Child, le peu inspiré coauteur de « Poison » (1989).

Heureusement des titres plus proches de l’univers coopérien, même s’ils ne sont pas d’une originalité folle, s’y glissent comme l’énergique glam heavy « Caffeine », le nostalgique « A runaway Train », qui rappelle par le chant sinueux et ses riffs de guitare zigzagants les langueurs d’Arizona du bon vieux CD Killer (1971) ou encore les puissants « The Congregation » et « When Hell Comes Home », plutôt bien ficelés. Disque patchwork en diable, Welcome 2 My Nightmare slalome entre les climats : pop californienne à la Beach Boys (« Ghouls Gone Wild »), ballade à la Beatles (« Something To Remember Me By »), cabaret dixieland, ambiance Tom Waits (« Last Man On Earth »), hard-rock reptilien (« When Hell Comes Home »)… Quant à « The Underture », pièce instrumentale symphonique qui reprend les thèmes du disque de 1975, il se profile juste comme un exercice nostalgique. Ce nouvel Alice Cooper convainc davantage sur les titres aux mélodies relativement simples, comme dans l’excellent et stonien « I’ll Bite Your Face Off » aux riffs élégants ou « What Baby Wants » à la puissante rythmique qui rappelle le « Beat It » de Michael Jackson. « I Gotta Get Outta Here » offre une autre locomotive très efficace avec la voix prenante du Coop surfant entre chœurs glam énergiques et guitares southern rock. Bref, Welcome 2 My Nightmare, disque pourtant inégal sur le plan musical et nouveau fruit de la collaboration Cooper/Ezrin, s’avère plutôt un bon cru. Au final, même si de nombreux titres déçoivent, l’on y repère quand même pas mal de refrains accrocheurs. Welcome To My Nightmare 1 se profilait plutôt inimitable, et le dernier concept album d’envergure du Coop remonte à 1994 [The Last Temptation] – si l’on considère que Along Came A Spider offrait un résultat intéressant mais pas tout à fait abouti. Avec ce Welcome 2 My Nightmare, coincé entre haute énergie et réminiscences baroques, ce grand escogriffe d’Alice Cooper, quarante ans après ses premiers succès, peut encore susciter l’intérêt de la critique musicale.

Alice Cooper, Welcome 2 My Nightmare, Universal Records, USA, 2011