lundi 12 mars 2012

Vol au-dessus d'un nid de coucou


Qui ne connaît  pas Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) ?  Tout le monde se souvient peu ou prou de l’interprétation fantasque de Jack Nicholson, simultanément clown perturbateur et déclencheur de consciences  dans le film de Milos Forman.
Roman  de Ken Kesey (1962), adapté au théâtre par Dale Wasserman dans les années 60, Vol au-dessus d’un nid de coucou se profile  comme une plongée effrayante dans l’univers carcéral d’un hôpital psychiatrique. D’emblée le spectateur est aspiré dans un Voyage au bout de la folie, où dingues et « personnes sensées »   semblent  constamment échanger leur place. Habilement mise en scène par Stéphane Daurat, la pièce fait ressortir sur le mode tragicomique  trois blocs inséparables : d’abord l’établissement psychiatrique, puis le groupe des pensionnaires, enfin Patrick Mc Murphy, le nouvel interné. Le premier offre un savoureux duo, incarné par la cruelle et mesquine Miss Ratched et le Docteur Spivey, homme  mou et autoritaire ; le deuxième nous fait pénétrer dans la vie quotidienne des internés - l’histoire de chacun d’eux nous est évoquée par petites touches, offrant un mystère supplémentaire  à ce Vol au-dessus d’un nid de coucou. Le Chef Bromden - Indien traumatisé, victime d’hallucinations, que tout le monde croit sourd-muet – est le personnage qui donne à la pièce son climat résolument tragique. Quant à Dale Hardingfou féru de psychologie qui cherche inlassablement à capter l’attention de son entourage, il offre une touche comique involontaire à ce sombre Vol au-dessus d’un nid de coucou.

photo© BM Palazon Vol au-dessus d’un nid de coucou

Patrick Mc Murphy, interprété par Arnaud Perrel, est  le personnage clé de Vol au-dessus d’un nid de coucou.  Subversif,  il défie les règles de l’institution, jetant le trouble dans les deux camps - par sa séduisante rhétorique -, remettant en question le pouvoir coercitif de l’établissement, qui n’est d’ailleurs qu’une métaphore de la société - le ralliement provisoire du Docteur Spivey aux conceptions thérapeutiques de Mc Murphy s’avère une  scène particulièrement amusante. Au final, ce Vol au-dessus d’un nid de coucou possède de nombreux atouts : impeccable scénographie,   rythmologie prenante et  bonne distribution de comédiens. Hélas, le texte de la pièce convainc moins :  un peu redondant, manichéen, trop prévisible (bons contre méchants ; individus  purs  contre société corrompue ; vrais fous contre faux fous). Malgré d’évidentes qualités,  Vol au-dessus d’un nid de coucou s’avère peut-être une pièce un peu datée, trop imprégnée de didactisme et  de moralisme social.  Mais c’est une pièce intéressante, qui évoque de façon crue des problèmes universels.  

durée : 1 h 35

Vol au-dessus d’un nid de coucou
d’après le roman de Ken Kesey
mise en scène : Stéphane Daurat

Théâtre 13 / Jardin
103A boulevard Auguste Blanqui
75013 Paris

le mardi, jeudi et samedi à 19 h 30, mercredi, vendredi à 20 h 30, le dimanche à 15 h 30

du 6 mars au 15 avril 2012

photo© BM Palazon Vol au-dessus d’un nid de coucou

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