http://www.rtl.fr/actualites/culture-loisirs/livres/article/livre-la-compagnie-des-femmes-de-yves-simon-7664539623
« En fait, j’aimerais écrire ce qui se trouve entre un départ et une arrivée, les merveilleux hasards, les sautes d’humeur, les souvenirs qu’on ne parvient pas à s’arracher de la peau. »(page 176). Cette confidence du narrateur de La Compagnie des femmes s’ancre comme un fil dans l’univers romanesque de Yves Simon, qui signe là son treizième roman.
Cette fois-ci, l’auteur du Voyageur magnifique et de La Dérive des sentiments nous embarque dans une histoire assez captivante par son intrinsèque banalité : celle d’un homme, un écrivain parisien, qui sur un coup de tête quitte la capitale. Il prend sa bagnole. Au dernier moment, il choisit comme destination le sud de la France. Son séjour d’une semaine s’achève à Nice. Ecumant seul motels et hôtels bon marché, sa brusque décision nous intrigue dès le début de ce roman fourni de 283 pages. Défi, fuite, rêverie, euphorie, spleen ?... La fin de La Compagnie des femmes nous offrira quelques pistes. Ce roman félin, qui évolue entre légèreté sentimentale et sinuosité intellectuelle, tournoie autour du thème de la fuite et son contraire. L’Ecrivain a la bougeotte. Son style ? Soixante-huitard hédoniste, cultivé et grisonnant, tendance ‘joyeux luron avec un zeste de folie poétique’. Chaque ville étape fera l’objet d’une rencontre féminine particulière. A Lyon, il sympathise avec Luna, barmaid et comédienne ; à Avignon, il séjourne chez Camille, plus âgée, qui tient un salon de thé. Carpentras lui permet d’entériner un pèlerinage pour retrouver le fantôme de Marie-Claire. Le cheminement psychotouristique de cet homme, sensible et terrien, amoureux de la banalité de la vie, en compagnie de femmes, nous fait pénétrer dans l’intimité de l’Ecrivain : « Je me délectais de l’éphémère, ces infimes choses qu’organisent les spectacles du monde pour nous sidérer un court instant […] » (page 89).
Cette fois-ci, l’auteur du Voyageur magnifique et de La Dérive des sentiments nous embarque dans une histoire assez captivante par son intrinsèque banalité : celle d’un homme, un écrivain parisien, qui sur un coup de tête quitte la capitale. Il prend sa bagnole. Au dernier moment, il choisit comme destination le sud de la France. Son séjour d’une semaine s’achève à Nice. Ecumant seul motels et hôtels bon marché, sa brusque décision nous intrigue dès le début de ce roman fourni de 283 pages. Défi, fuite, rêverie, euphorie, spleen ?... La fin de La Compagnie des femmes nous offrira quelques pistes. Ce roman félin, qui évolue entre légèreté sentimentale et sinuosité intellectuelle, tournoie autour du thème de la fuite et son contraire. L’Ecrivain a la bougeotte. Son style ? Soixante-huitard hédoniste, cultivé et grisonnant, tendance ‘joyeux luron avec un zeste de folie poétique’. Chaque ville étape fera l’objet d’une rencontre féminine particulière. A Lyon, il sympathise avec Luna, barmaid et comédienne ; à Avignon, il séjourne chez Camille, plus âgée, qui tient un salon de thé. Carpentras lui permet d’entériner un pèlerinage pour retrouver le fantôme de Marie-Claire. Le cheminement psychotouristique de cet homme, sensible et terrien, amoureux de la banalité de la vie, en compagnie de femmes, nous fait pénétrer dans l’intimité de l’Ecrivain : « Je me délectais de l’éphémère, ces infimes choses qu’organisent les spectacles du monde pour nous sidérer un court instant […] » (page 89).
Yves Simon
Entre bitume d’autoroute et joliesse de villes d’art, nous suivons donc ce drôle de zèbre d’écrivain-vampire dans ses rencontres hautement banales et fantasmatiques. A Aix, le voyage prend une courbe inhabituelle. L’Ecrivain accompagne un jeune inconnu (Lucien), qui vient de perdre son père, à la morgue. Nouveau départ ! Toutes ces femmes, flottant autour de la figure phare de Léonie, nous apparaissent comme le vivier d’inspiration de l’Ecrivain pour ses romans. La première phrase du livre débute par cette belle formule qui claque comme un avertissement : « Léonie était jeune et moi qui vieillissais. » Dans La Compagnie des femmes, Yves Simon nous conte l’histoire d’un homme en quête de nouvelles sensations, qui suscite des réactions diversifiées de la part des femmes. Dans un savoureux dialogue surfant entre Godard et Moravia, la sereine Camille dit à l’Ecrivain : « Vous savez, on peut envisager de multiples choses avec une personne que l’on n’aime pas : dîner, voyager, parler, boire de la vodka, se taire, dormir ensemble, rêver… Le non-amour n’est pas un gouffre où l’on se perd, c’est simplement un lieu vide où les cœurs et les corps parlent autrement. » (page 187). Comme en apesanteur entre peinture, musique et littérature, tous les sens de l’Ecrivain sont en éveil : vue, toucher, odorat. Souvenirs mineurs et essentiels parcourent son esprit lors de cette escapade d’une semaine : l’odeur d’une tarte aux fruits de saison cernés d’un coulis d’œufs battus mêlés au lait ou encore la rencontre surprenante - rue Mazarine - de l’Ecrivain avec sa muse Léonie et le fantomatique poète surréaliste Robert Desnos. D’ailleurs, cette rêverie de l’Ecrivain se prolonge au musée des Beaux-Arts de Lyon en compagnie de la Lucrèce de Guido Cagnacci. Il s’adonne à ce vice honteux d’esthète juste après l’enterrement d’un ami. Y a une route ! chantait Manset. Yves Simon lui emboîte le pas, propulsant son voyageur solitaire vers des fureurs d’Amérique. Entendant la rythmique infernale des essuie-glaces, cet Ecrivain se met à fredonner : « Nous partions en caravane/Sur des chevaux métalliques/Sur les pistes de macadam/Les highways de l’Amérique…. » (page 38). Enfin, l’Ecrivain, sous une pluie fine, revient à Paris, lieu - selon lui - de rumeurs assorties, qui également préfigure un nouveau départ.
La Compagnie des femmes est un bien joli roman, jubilatoire et nostalgique comme une chanson ; une de ces ritournelles gaies et claires entre pluie fine et ciel ensoleillé, qui fait envisager sereinement les mystères du temps écoulé.
Yves Simon, La Compagnie des femmes, roman, éditions Stock, 283 pages, 2011
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