lundi 18 décembre 2023

Un tube peut en cacher un autre


Dans un style érudit et plaisant, Mathias Malzieu nous convie à l'histoire souvent méconnue de chansons qui émanent  de plusieurs générations. Intitulé Un tube peut en cacher un autre, ce livre, véritable invitation à la flânerie musicale, nous fait découvrir 100 titres marquants ! Souvent imprévisible le succès d'une chanson  cache toujours une histoire insolite ou compliquée. A cet égard la célèbre chanson  « Hallelujah » de Leonard Cohen incluse dans cette liste est emblématique et semble battre tous les records. Elle a fait l'objet de plus de 600 reprises officielles, d'une trentaine d'adaptations - en hébreu, polonais, allemand, etc ! Pourtant, la trajectoire de cette chanson n'avait  pas très bien commencé, comme le racontait le film éponyme de Dan Geller et Dayna Goldfine. En effet, en 1984, année faste pour l'industrie musicale, la maison de disques Columbia refusa de sortir aux Etats-Unis l'album Various Positions dans lequel elle figurait. Leonard Cohen, lui-même, délaissa lors de ses concerts la version originale du disque jugée trop biblique pour une orientation textuelle plus profane.  (Pourtant de très nombreux artistes avaient repris la version originale ce titre,  comme John Cale, Bob Dylan et Jeff Buckley.) 


Le titre emblématique « Alabama Song (Whisky Bar) », qui propulsa en 1966 les Doors  et son inspiré chanteur Jim Morrison au sommet des charts possède également une histoire insolite. En fait, il a été composé beaucoup plus tôt pour un opéra  par le dramaturge allemand Kurt Weill en 1925. Et sa version originale fut interprétée  par la femme même de Weill, la chanteuse Lotte Lenya. Quant au  populaire   « Babe I'm gonna leave you », l'on jurerait avec son blues poisseux et électrique que c'est un titre original de Led Zeppelin.  Eh bien non ! La chanson fut écrite et interprétée par l'obscure Anne Bredon en 1958 dans une version folk. Pour la petite histoire de cette chanson  Marc Maret nous renseigne :  « C'est l'un des premiers titres que Page a fait découvrir à Plant lors de leurs premières rencontres. L'erreur sera réparée vingt ans plus tard, quand le fils d'Anne Bredon demandera à Jimmy Page de créditer le nom de sa mère, qui acceptera sans discuter. » (page 24). Même chose s'agissant de l'icône américaine de la gratte électrique, Jimi  Hendrix


Son tube planétaire   « Hey Joe » a pour origine une composition originale de Billy Roberts, ce qui n'enlève d'ailleurs rien à la fraîcheur et au charme de la chanson d'Hendrix. Quant à « Blue Suede Shoes », premier véritable succès du rock'n'roll des années 1950, son histoire est amusante. Marc  Maret écrit la décrit ainsi : « C'est Johnny Cash qui aurait soufflé à Perkins l'idée saugrenue d'écrire une chanson sur 'des chaussures de bain bleu' (un souvenir d'un soldat de l'Air Force qui en portait lorsqu'il était à l'armée). » (page 39).  Elvis Presley reprend  reprendra la même année la chanson emblématique de Perkins avec le succès que l'on connaît.  D'«American Pie » (1971) de Don McLean repris par Madonna en 2000 à « Divers of Babylon » (1970) repris par Boney M.  en 1978, en passant par « The greatest love of all » (1976) de George Benson, repris par Whitney Houston en 1984, c'est à un véritable voyage à travers les hits du monde entier que nous convie   Un tube peut en cacher un autre !

L'auteur :
Marc Maret est directeur artistique et responsable de la synchronisation chez P. M. G - Wise Music Group. Ancien directeur de la programmation de FIP Radio, Marc Maret a commencé sa carrière en tant qu'animateur radio et DJ avant de créer le label Peekaboo, qui produira de nombreux artistes dont Pow Wow, dans les années 1990.
Il a également dirigé la discothèque de Radio France et collabore au magazine Rolling Stone.
Il a coécrit, avec Alain Artaud, Eddy Mitchell, ma discothèque idéale, paru en 2023 aux éditions Hors Collection.


Marc MaretUn tube peut en cacher un autre, éditions Hors Collection, 207 pages, 2023
Préface de Mathias Malzieu





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