lundi 15 mars 2021

Deep Purple Rhapsody in rock

 

Dans Deep Purple Rhapsody in rock le journaliste Jean-Sylvain Cabot propose une intéressante analyse d'un groupe culte, à la fois encensé et mésestimé.

Dans son introduction Jean-Sylvain Cabot fait cette remarque assez juste : « Deep Purple est bien plus que le groupe inavouable d'une génération comme l'a écrit Philippe Manoeuvre. Trop souvent sous-évalué par rapport à Led Zeppelin, frappé d'ostracisme par une certaine presse, Deep Purple mérite mieux que les étiquettes simplificatrices dont on l' a toujours affublé comme ce titre de 'groupe fondateur, emblématique du hard rock', lequel en soi, n'est pas déshonorant mais se révèle inexact au regard de son évolution, même si c'est par le biais de ce genre musical, et d'un tube, "Smoke On The Water", que le groupe doit sa célébrité. »  Dans cet ouvrage de près de 280 pages cet ex-journaliste de Rock & Folk, auteur de The Who, Getting in Tune (2017) décortique chaque opus du Pourpre profond, du néandertalien  The Book of Taliesyn (1968) au récent Whoosh ! (2020). En oute, l'auteur nous propose une copieuse et solide mine d'informations sur les membres du groupe  - de leur style musical aux  relations personnelles -, sur leurs disques live - une spécialité chez Deep Purple avec des albums mythiques comme Made in Japan (1972) ou Made in Europe (1976) ! - et sur tout ce qui touche de près ou de loin la galaxie Deep Purple (Rainbow, Tommy Bolin, Glenn Hugues, Steve Morse, Jon Lord...)  Dans Deep Purple Rhapsody in rock l'auteur fait particulièrement bien ressortir la modernité piquante et  le caractère expérimental et novateur de cette formation, qui souvent n'échappa pas à de violentes critiques.  L'on a souvent  reproché aux  membres de Deep Purple, excepté Ritchie Blackmore, leur manque de charisme.  Mais sans doute, malgré paradoxalement leur énorme succès mondial depuis cinq décennies,  la source d'un certain divorce avec la critique musicale et les médias semble résider avant tout dans leur propre démarche expérimentale. En effet, Deep Purple a traversé, voire emprunté pratiquement tous les styles musicaux : pop, psychédélisme, rock progressif, musique classique, funk, heavy metal. Erudit  et vivant l''ouvrage de Jean-Sylvain Cabot met particulièrement bien en exergue  la singularité même de Deep Purple,  groupe alerte, composé de supermusiciens et de chanteurs de haute volée, mais sans doute inégal, sacrifiant trop souvent comme dans leur fameuse période seventies (la plus connue !) ses disques studios aux prestations en public.  Par ailleurs dans la longue et mouvementée histoire du rock il y a toujours eu une forme de non acceptation de la démarche musicale expérimentale.  Frank Zappa, aujourd'hui, adulé et reconnu justement comme un des plus grands (il était à la fois guitariste, arrangeur, multi-instrumentiste, compositeur et chanteur)  a longtemps  été incompris des grands médias musicaux, empêtrés dans leur chapelle. Aujourd'hui, il est pleinement reconnu, aussi bien par les amateurs de jazz, de rock ou de musique classique. Pour en revenir à Deep Purple et à son vaste bouillon d'influences musicales, il faut sans doute rappeler que chaque musicien du groupe a contribué puissamment selon les périodes  au son Deep Purple - le goût prononcé chez Tommy Bolin (guitariste) et Glenn Hugues (bassiste) pour la funky music ; les influences classiques et progressives chez Ritchie Blackmore (guitare) et Jon Lord (organiste).  C'est sans doute  cette diversité d'approche et  cette spontanéité musicale, par ailleurs hyper maîtrisée et bien produite,  qui est à la source des meilleurs disques de Deep Purple : du hard rock ravageur de In Rock (1970) à l'énigmatique live Made in Japan aux accents jazzy et world en passant par  le méconnu bolide pop funky Come Taste The Band (1975) ou le rock mélodique classique aux réminiscences  prog de Purpendicular (1996). Empêtrés dans des problèmes d'ego et de  directions musicales opposées le groupe fut dissolu en 1976. A l'étonnement  général le second line-up (Gillan, Glover, Blackmore, Lord et Paice) de Deep Purple décida de se reformer en 1984 et sortit la même année un nouveau disque intitulé Perfect Strangers.  Depuis cette date le groupe a sorti 10 opus et continue de susciter l'engouement. Comme l'écrit justement  Jean-Sylvain Cabot à propos de Deep Purple :

 « La distance historique et le recul critique permettent aujourd'hui d'explorer l'ensemble d'un parcours chaotique mais parmi les plus passionnants qui soient et d'en reconsidérer certaines étapes. »  

Jean-Sylvain Cabot, Deep Purple Rhapsody in rock, éditions Le mot et le reste, 280 pages, 2021


quelques titres percutants ! :


« Living Wreck » - CD In Rock (1970)

« Gettin' Tighter » - CD Come Taste The Band (1976)

« Ted The Mechanic » - CD Perpendicular (1996)  


« Fingers to the Bone » - CD Abandon (1999) 


« Above And Beyond » - CD Now What ?! (2013)


Deep Purple live - « Perfect Strangers » (from Come Hell or High Water)


Deep Purple live -  « Into the Fire » (..from the Setting Sun Live at Wacken 2013)







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