lundi 5 mai 2014

Bruno Taut, le moderniste rebelle



cité Britz, Le fer à cheval (Hufeisensiedlung), Berlin, avec la collaboration de Martin Wagner 

variations colorées de portes et entrées de la cité Britz à Berlin
 Le fer à cheval (Hufeisensiedlung), 1925 

Bruno Taut (1880-1938)

Premier architecte de sa génération à utiliser la couleur (sans restriction) dans ses constructions, Bruno Taut est un visionnaire. Cet Allemand du XXe siècle, également peintre, écrivain et urbaniste - en complète opposition avec le pur blanc si cher à ses contemporains (Le Corbusier, Gropius, van der Rohe) impose un style moderne inhabituel pour l’époque à forte portée sociale. Parmi ses œuvres majeures, l’on signalera à Berlin la cité-jardin Falkenberg (1916), la cité Britz (1927) et l’ensemble de La Case de l’Oncle Tom (1932).



gamme de couleurs Taut


Les ensembles conçus par Taut comme celui de Falkenberg sont d’une fraîcheur incroyable. Hier encore, nous étions éblouis par la cité Onkel Toms Hütte [unité d’habitation La Case de l’Oncle Tom]. A mesure que vous avancez le long de la rue, une ambiance colorée, faite d’oppositions et de différences se dégage. L’effet est fantastique.

(Louisa Hutton, architecte, in Le courrier de l’architecte)


La Case de l’Oncle Tom +  cité-jardin Falkenberg (Berlin) :




unité d’habitation La Case de l’Oncle Tom



 cité-jardin Falkenberg, Berlin, unité d’habitation


unité d’habitation La Case de l’Oncle Tom


cité-jardin Falkenberg, Berlin, unité d’habitation


unité d’habitation La Case de l’Oncle Tom


cité-jardin Falkenberg, Berlin, unité d’habitation


unité d’habitation La Case de l’Oncle Tom


cité-jardin Falkenberg, Berlin, unité d’habitation






Dandannah - jeux de construction en verre, 1917



ensemble Onkel-Toms-Hütte,Wilskistrasse, Berlin


Hermann Gieseler Gymnasium (intérieur), Magdebourg, avec la collaboration de John Göderitz


Worpsweder, Käseglocke (1926)



 intérieur design « Tautes Heim », Berlin-Britz


 cité Schillepark, Berlin (détail)



ensemble Carl Legion, Berlin


villa impériale Katsura à Kyoto (Japon)


   faculté de lettres d’Ankara (Turquie)


 cité Britz, Le fer à cheval (Hufeisensiedlung), Berlin, avec la collaboration de Martin Wagner














Villa Bruno Taut à Istanbul

Comme de nombreux intellectuels allemands, Bruno Taut obtint l’asile politique en Turquie en 1936 et vécut les deux dernières années de sa vie à Istanbul.



(intérieur)



* Dans l’Allemagne ruinée et humiliée des années 20, Bruno Taut prit le contre-pied de la morosité ambiante en se bornant à insuffler de l’âme aux cités résidentielles qu’on lui commandait. « Un édifice de pierre érigé pour des siècles, en tant que monument de l’esprit humain, doit s’appuyer sur la base ample et solide de la sensibilité », écrivit-il en 1919. Très marqué par la peinture, Taut, à l’inverse de ses contemporains modernistes tels Le Corbusier ou Walter Gropius, injectait des couleurs vives à ses créations pour casser la monotonie de ces immeubles construits à la chaîne. Un moyen de donner une identité propre à chaque bâtiment tout en y ajoutant une dimension mystique. « N’attribuer à l’architecture qu’un rôle d’art industriel, affirmait-il, c’est assurément sous-estimer sa signification ». Si cette idée de différencier tous les bâtiments peut sembler banale au troisième millénaire, ce fut à l’époque une révolution architecturale loin d’être au goût de tout le monde. Comme l’explique Winfried Brenne, commissaire de l’exposition et restaurateur des œuvres de Taut, « il était en recherche constante de nouveaux concepts d’habitation, il se demandait comment étendre l’espace vital de chacun dans un Berlin alors surpeuplé ». Considéré comme un architecte social, il sera contraint de fuir l’Allemagne Nazie quelques années plus tard. Mais il aura le dernier mot, puisque bon nombre de ses bâtiments sont désormais considérés comme des icônes du modernisme allemand.


* Texte paru dans Spirit


Bruno Taut (1er à droite) à Moscou avec ses collègues russes, en 1933

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