lundi 25 novembre 2019

Douce


Au Théâtre Lepic André Oumansky adapte et met en scène La Douce (1876) de Fédor Dostoïevski (1821-1881), proposant un huis-clos énigmatique et prenant sur le thème de l'incommunicabilité conjugale.


Figurez-vous un mari dont la femme, une suicidée qui s’est jetée par la fenêtre il y a quelques heures, gît devant lui sur une table. Il est bouleversé et n’a pas encore eu le temps de rassembler ses pensées. Il marche de pièce en pièce et tente de donner un sens à ce qui vient de se produire. Dostoïevski lui-même définissait ainsi ce conte dont la violence imprécatoire est emblématique de son œuvre. Cet homme en état de choc nous livre donc sa version du malentendu conjugal. Il porte son visage dans les mains et a le regard déchiré par l'incompréhension.  Au fil de la progression narrative, peuplée par les flash-backs obsessionnels, les  douloureuses interrogations existentielles  de l'homme et les apparitions fantomatiques de la femme le spectateur est invité   à découvrir certains secrets de ce couple visiblement mal assorti, composé d'une jeune fille de 16 ans enthousiaste et sensible et d'un homme mûr caractériel, semblant avant tout préoccupé par son métier de prêteur sur gages.

© la compagnie du goéland - Douce - Théâtre Lepic 

Pourtant au-delà de ces incessants bavardages culpabilisants ou justificatifs, un mystère épais enveloppera l'origine et les causes de ce suicide.  Anna Stanic et Nicolas Natkin  se glissent habilement  dans ce rôle de couple désaccordé et souffreteux, écorchés tous deux par le pouvoir que confère l'argent, objet symbolique des nombreuses dissensions du début à la fin. On signalera aussi la qualité de jeu de Maxime Gleizes et de Rose Noël dans les rôles de l'ami militaire et de la cuisinière. Sans manichéisme, sans pointer de coupable facile, cette pièce interroge au final  à la fois l'absence ou la difficulté de communication du couple. Thème théâtral peut-être rabâché  (d'Ibsen à Pinter) mais prenant sous la forme de l'écriture littéraire et classique du célèbre auteur  de Crime et châtiment   des accents de troublante modernité.

durée :  1 h

Douce, d’après la nouvelle de Dostoievski
Mise en scène et adaptation : André Oumansky
Avec Anna Stanic, Nicolas Natkin, Rose Noël et Maxime Gleizes

Théâtre Lepic
1, avenue Junot
Paris 18e
horaires : les vendredis et samedis à 19 h 30, les dimanches à 16 h

jusqu'au 8 décembre 2019


© la compagnie du goéland - Douce - Théâtre Lepic 

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