lundi 21 octobre 2019

Expo Greco


Première grande exposition consacrée au peintre espagnol d’origine crétoise Doménikos Theotokopoulos dit le Greco (1541-1614) Le Grand Palais met à l’honneur un artiste visionnaire et moderne hors normes.


Le Greco voyagea beaucoup dans sa vie. A Venise, à Rome et en Espagne où il se fixa à Tolède. Chronologique et riche en découvertes cette rétrospective nous conduit en tableaux sur les traces de cet infatigable inventeur de formes, qui eut sa première formation artistique en Crète - probablement dans le monastère de Sainte-Catherine - avant de s’installer à Venise où il eut l’occasion de travailler aux côtés de Titien puis à Rome où il s’orienta passionnément vers ce langage lumineux et fantastique, caractéristique de son univers. Une atmosphère puissante et mystérieuse imprègne ses tableaux qui doivent sans doute beaucoup à une stylisation audacieuse.

GRECO
Dominikos Theotokopoulos,
 La Fable, vers 1585, huile sur toile 65 x 90 cm
Leeds, 8 th Earl of Harewood, Harewood House Trust
© Leeds, Harewood House

Contrairement à Rubens ou Velazquez l’homme eut beaucoup de difficultés à s’attirer les faveurs des grands mécènes. Il traîna longtemps une réputation d’artiste irascible et prétentieux. (En 1572 il fut même mis à la porte du Palais Farnèse !) Tolède fut inséparable de la carrière du peintre. Il y a passé trente-sept ans, s'y est marié et a eu un fils. Il y est arrivé à la fois par dépit et par hasard. C'est pour devenir un des peintres officiels de Philippe II (1527-1598), au siège de la cour, qu'il s'est rendu en Espagne. Mais son style trop en avance, son influence byzantine typée et ses touches de couleur osées déplaisaient au souverain. C'est parce qu'il a échoué qu'il s'est installé à Tolède, où il reçut deux commandes pour la cathédrale grâce à l'aide d'un ami, Don Luis de Castille, qui vantait son « arte y oficio ».

GRECO
Dominikos Theotokopoulos, 
Portrait du frère Hortensia Félix Paravicino, vers 1609-1611, huile sur toile 112 x 86,1cm
Boston, Museum of Fine Arts
Photographs © 2018 Museum of Fine Arts, Boston. All rights reserved.

En tout cas l’histoire de la peinture aura retenu pour la postérité ses figures allongées, ses couleurs intenses et originales et sa subtile distorsion des formes, ce tout donnant à ses toiles à la fois un aspect fantastique et réaliste. Le Greco annonce la modernité de Modigliani, celle de Bacon ou de Picasso - ce dernier d’ailleurs le préférait à Velazquez sans doute pour le culot et l’impétuosité. Le parcours de l ‘expo nous montre clairement comment l’auteur de L’Enterrement du comte d’Orgaz (1586-1588) – toile la plus connue du Greco - n’a cessé au fil de sa carrière d’innover et de se réinventer. Par l’importance accordée à la lumière, par ses formes flirtant bon avec l’abstraction, par la gestuelle théâtrale de ses personnages l’œuvre majeure du Greco préfigure aussi d’une certaine façon les expressionnistes allemand et autrichien.

Expo Greco
Grand Palais - galerie sud-est
3, avenue du Général Eisenhower
Paris 8e

horaires : jeudi, dimanche et lundi de 10 h à 20 h. Nocturne mercredi, vendredi et samedi de 10 h à 22h. Fermeture hebdomadaire le mardi.

jusqu’au 10 février 2020

GRECO
Dominikos Theotokopoulos, 
L'adoration du nom de Jésus, dit aussi Le Songe de Philippe II, vers 1575-1580,
huile et tempera sur panneau 55, 1 x 33, 8 cm
Londres The National Gallery
Photo ©  The National Gallery Londres, Dist.RMN-Grand Palais / National Gallery Photographic Department


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